La mosquée de Yâqût

Localisation

À l’est de la madrasa Abû al-Fidâ’, ou ad-Dabbagha et à l’angle nord-est de la birket al-Hâjj se trouve un petit bâtiment que les inscriptions de sa façade ouest désignent comme la mosquée funéraire de Shihâb al-dîn Yûsuf, mort en 654/1257 et fils du commandant de la citadelle Yâqût.

Description architecturale

L’édifice qui constitue un bloc de 7 sur 14 m, se présente presque sans décor à l’extérieur. Seul le côté ouest tourné vers la birket est organisé comme une façade : au-dessus de la fenêtre centrale est gravée dans une tabula ansata (cartouche «à anses») une inscription qui date l’achèvement de la mosquée en l’année 655/1257 et nomme Yâqût le commandant de la citadelle. Celui-ci avait, en 649/1251-1252, fait achever la construction de la tour est de la citadelle. Il peut être considéré comme le maître d’œuvre de cette petite mosquée. Aussi bien dans les tours ayyoubides tardives de la citadelle que sur la mosquée de Yâqût, les lettres des inscriptions sont creusées en profondeur et marquées de trous de trépan destinés à recevoir les tenons de lettres en métal. Contre l’angle nord-ouest de la façade s’ajoute un portail qui introduit à la cour placée devant le bâtiment. Sa niche est surmontée par un arc en ogive qui se rétrécit légèrement en bas. Au-dessus de la baie se trouve, de nouveau encadrée par une tabula ansata, la deuxième inscription. Celle-ci désigne le bâtiment comme le mausolée (turba) et mentionne la date de la mort de Yûsuf, fils de Yâqût, en l’an 654/1257.

Organisation interne

Des deux pièces intérieures, la plus grande est identifiée par un mihrab (niche orientée vers La Mecque) comme salle de prière, la plus petite par les restes d’un cénotaphe comme le tombeau. Les deux pièces sont couvertes par des voûtes d’arêtes qui indiquent, ainsi que le traitement des inscriptions, que la mosquée a été construite par le même atelier qui a réalisé aussi la construction de la tour est de la citadelle. Le formulaire de l’inscription de la façade, qui appelle sur le maître d’œuvre la grâce de Dieu («Que Dieu ait pitié de celui qui implore la grâce pour Yâqût, qui a besoin de son maître»), permet de conclure que ce dernier était déjà mort au moment de l’achèvement du bâtiment. L’emplacement de deux complexes funéraires à Bosra, la madrasa ad-Dabbagha et la mosquée de Yâqût, a été évidemment conditionné par l’existence d’un cimetière musulman qui bordait la birket al-Hâjj à l’est. Alors qu’au moins deux stèles funéraires de ce cimetière datent de 564/1168-1169 et 593/1197, on peut assurer qu’il existait bien avant la construction de ces deux tombeaux monumentaux. À l’heure actuelle, seule une petite tombe anonyme est conservée, dont la voûte soigneusement appareillée peut-être attribuée à l’époque ayyoubide tardive.