Haute-Garonne, France - Il y a 18 000 ans

La grotte de Marsoulas

A 80 km de Toulouse, la grotte de Marsoulas est cachée au pied des Pyrénées. Il y a 18 000 ans, cette cavité a été habitée par des chasseurs nomades, vivant au pied des parois qu’ils ont aussi ornées. L’art pariétal compte plus de 600 gravures et peintures d’animaux, d’énigmatiques figures humaines et signes géométriques.

Entrée de la grotte de Marsoulas

Première grotte ornée découverte dans les Pyrénées en 1897, visitée par les touristes pendant près d’un siècle, Marsoulas n’en demeurait pas moins méconnue lorsqu’en 1998, une équipe du CREAP a en repris l’étude. La fragilité des parois, la finesse des gravures, la densité de superpositions des œuvres, les graffitis qui défigurent certains panneaux sont autant de contraintes que le numérique et la 3D permettent de surmonter. Une exceptionnelle redécouverte de la grotte s’opère au fil des recherches…

Quand la conque marine résonnait sous les voûtes…

Les premières dates carbone 14 obtenues en 2018 indiquent que la grotte a été occupée à plusieurs reprises au début du Magdalénien à partir de 18 000 ans. Cette fréquentation limitée à un ou deux millénaires explique l’homogénéité stylistique de l'art pariétal. Découverte en 1931, une grande coquille marine rapportée de l’océan Atlantique et transformée en conque, a été identifiée récemment comme un instrument de musique à vent, le seul de ce genre connu en Préhistoire.

Une « grotte-atelier » …

Si les premiers arrivants ont connu des conditions de circulation et de vie moins contraignantes qu’aujourd’hui, ils se déplaçaient en revanche sur un sol plus accidenté, encombré de blocs qui devaient diviser l'espace. Dans ces changements, le ruisseau souterrain a joué un rôle majeur. La présence de l'eau dans les profondeurs a pu être un critère de choix pour cette cavité qui se définit comme une grotte ornée et non pas un habitat. Les niveaux archéologiques successifs sont attribuables aux séjours des artistes qui ornaient les parois.

Bisons et humains, acteurs de premiers mythes ?

L’espèce emblématique du site est le bison (160 figures) dont le cycle de vie (combats de mâles, accouplement) est représenté. Une trentaine d’humains schématiques, grotesques ou fantomatiques semblent en relation avec ces bisons, peuvent être interprétés comme des acteurs de récits, peut-être des mythes. Cheval, bouquetin, isard, biche, chouette, rhinocéros, renard, mammouth, lion des cavernes complètent le bestiaire.

Signes rouges énigmatiques

Les parois de la cavité comptent aussi une centaine de signes géométriques rouges ou violets. Leur dénomination (tectiforme, barbelé, en T ou T inversé, en crochet) qui fait référence aux formes traduit aussi nos difficultés à interpréter leur signification, tout comme leur présence aux côtés des animaux et des humains.

Une grotte ornée en réseau…

Des similitudes observées sur les parois et dans l’archéologie montrent des liens avec l'Ariège, le Périgord et la Cantabrie. Marsoulas apparaît comme un site intégré dans un réseau d'échanges à courte et longue distance, au début de la phase de repeuplement des Pyrénées après le Dernier Maximum Glaciaire, il y a 20 000 ans.

L'équipe de recherche

CREAP (Centre de Recherche et d'Étude pour l'Art Préhistorique, Maison des Sciences de l’Homme et de la Société, Toulouse).

Directrice : Carole Fritz, Directrice de Recherches CNRS (art pariétal et archéologie) ;

  • Gilles Tosello, chercheur associé CREAP (art pariétal) ;
  • Mark D. Willis chercheur, Mark Willis Consulting et Texas University, Austin (3D, art pariétal) ;
  • Philippe Walter, Directeur de Recherches CNRS (Archéologie et Histoire des techniques), LAMS (Laboratoire d’Archéologie Moléculaire et Structurale) UMR 8220, Université PMC, Paris ;
  • Thomas Sagory (3D), Musée d'Archéologie nationale Domaine national de Saint-Germain-en-Laye ;
  • Antoine Laurent (3D, SIG), Doctorant, UMR 5505 IRIT Toulouse ;
  • Léo Bayel (3D), Musée d'Archéologie nationale Domaine national de Saint-Germain-en-Laye ;
  • Michel Barbaza, Professeur émérite, UMR 5608 TRACES (archéologie) ;
  • Jean-Marc Pétillon, Chargé de Recherches CNRS UMR 5608 TRACES (archéologie) ;
  • Laura Louman, Docteure (géomatique, ARCHAÏOS) ;
  • Hubert Camus et Manon Rabanit (géologie, PROTEE).