Corée – Il y a 1 100 ans

Kaesong, capitale du Koryŏ

Situé au centre de la Péninsule coréenne, dans l’actuelle république populaire démocratique de Corée (RPDC), à 160 km au sud de Pyongyang et 60 km au nord de Séoul, Kaesong correspond à l’emplacement de l’ancienne capitale du royaume de Koryŏ (919-1392) puis, brièvement, à celle du royaume de Chosŏn (1392-1395, 1399-1405). 

Forteresse extérieure, Kaesong © Mission archéologique à Kaesong (MAK), EFEO/NAPCH

En raison du contexte politique contemporain, le site de Kaesong a fait l’objet de recherches limitées, à l’exception notable du palais royal, partiellement fouillé au cours du XXe siècle et de nouveau depuis 2007. Pourtant, cette ancienne capitale du royaume de Koryŏ occupe une place majeure dans l’histoire urbaine et politique de la Corée médiévale.

Le projet de la Mission archéologique à Kaesong s’inscrit dans une problématique historique et urbaine centrée sur les enceintes de la ville de Kaesong, capitale du royaume de Koryŏ, alors connue sous le nom de Kaegyŏng.

Un système défensif élaboré

À la suite de la forteresse Changan (VIe–VIIe siècle) du royaume de Koguryŏ située à Pyongyang, Kaesong constitue un jalon essentiel dans l’évolution des systèmes défensifs coréens. La ville associe en effet deux types d’enceintes — de montagne et de plaine — intégrés dans un même dispositif fortifié d’envergure. Ses murailles suivent un tracé complexe reliant plusieurs sommets, un modèle qui sera repris plus tard par le royaume de Chosŏn à Hanyang (Séoul). Kaesong s’impose ainsi comme une référence majeure dans l’histoire de l’urbanisme coréen, illustrant à la fois les continuités et les mutations de l’organisation urbaine dans la Péninsule.

Roi fondateur du Koryŏ, Wang Kŏn fit de Kaesong sa capitale. Sur le tracé de la forteresse préexistante de Parôch’am furent érigées, selon les sources écrites, plusieurs enceintes successives : la Forteresse palatiale et la Forteresse impériale dès 919, la Forteresse extérieure entre 1009 et 1029, puis la Forteresse intérieure entre 1391 et 1393 (ou 1394). Ces textes demeurent toutefois lacunaires quant aux dispositifs défensifs eux-mêmes, à l’évolution des techniques de construction, à leurs transformations ou restaurations. Ils n’éclairent qu’indirectement le lien entre les murailles et les modalités d’expansion urbaine, notamment le rôle des portes dans la structuration de la ville et leur articulation avec le réseau territorial et l’environnement naturel.

L'approche archéologique

Le programme de recherche, initié à l’automne 2011 et centré sur l’étude des enceintes, s’organise autour de deux axes complémentaires :

  • Un inventaire descriptif des murailles, comprenant l’identification, la localisation, l’enregistrement et la documentation de tous les tronçons accessibles, ainsi que de leurs dispositifs de porte, en vue d’établir une cartographie détaillée assortie d’un catalogue descriptif et d’une étude d’archéologie monumentale ;
  • Des fouilles ciblées, portant sur certains éléments de la forteresse, notamment la grande porte du Sud, ainsi que sur des structures particulières telles que des jonctions de murailles de différentes époques et des sections de murs spécifiques.

Compte tenu des enjeux scientifiques et logistiques, la responsable de la mission et la National Authority for the Protection of Cultural Heritage (NAPCH) ont conjointement décidé de compléter l’étude, particulièrement complexe, des enceintes, en l’élargissant à une approche urbaine de Kaesong à travers l’examen des tombeaux royaux du Koryŏ. Deux sépultures ont ainsi été sélectionnées pour faire l’objet de fouilles archéologiques. 

La Mission archéologique à Kaesong a été créée en 2011, dans le cadre d’une coopération initiée par une convention signée dès 2005 entre l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) et la National Authority for the Protection of Cultural Heritage (NAPCH) de la république populaire démocratique de Corée. Placée sous l’égide de la Commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger, la mission bénéficie du soutien de l’École française d’Extrême-Orient et d’un financement du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

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