Maroc - Il y a 9 siècles

Igiliz

L’histoire du site d’Igiliz est intimement liée à la figure célèbre d’Ibn Toumart et au mouvement almohade qu’il a initié et dirigé au début du VIe siècle de l’hégire (XIIe siècle apr. J.-C.). Ibn Toumart est un juriste et théologien d’origine amazighe. Sa réforme religieuse, l’almohadisme, est fondée sur le puritanisme et le retour aux sources de la Loi musulmane.

Photo aérienne du site ©Equipe de fouilles

La montagne d’Igiliz est d’abord une forteresse tribale et un lieu de refuge pour la communauté des Almohades opposée à l’Etat almoravide. C’est un ribât, c’est-à-dire un lieu de retraite spirituelle appartenant à la tribu d’Ibn Toumart, les Arghen (ou Hargha en arabe). Elle devient ensuite un lieu de pèlerinage. Si l’histoire officielle a vite oublié Igiliz, le souvenir de son rôle historique a cependant été conservé par les populations montagnardes, comme en témoigne un texte du début du XVIIIe siècle, dans lequel le site est associé au village de Tifigit.

Recherches archéologiques sur le site et parcours touristique

Depuis 2009, les archéologues ont dégagé une grande partie de l’agglomération médiévale d’Igiliz et un nombre important de bâtiments datant pour l’essentiel du XIIe siècle. Ceux-ci sont concentrés au sommet de la montagne, sur l’acropole. Ils comprennent notamment une résidence aristocratique (la Qasba), une grande mosquée, des lieux de retraite spirituelle, ainsi que plusieurs secteurs d’habitat. Déserté en grande partie depuis la fin du Moyen Âge, le site d’Igiliz permet d’étudier non seulement le début du mouvement almohade, mais également la vie quotidienne de ses habitants. La fouille d’Igiliz est un chantier-école pionnier dans le domaine encore peu étudié de l’archéologie de la période islamique au Maroc, et un lieu de formation pour les nouvelles générations d’étudiants. Le parcours touristique qui a été aménagé, sur les pentes du sommet oriental puis sur l’acropole, vous permettra, au fil des stations et des points d’intérêt, de découvrir les richesses, naturelles et patrimoniales, d’Igiliz et ses environs.

Giliz, une montagne de l’anti-atlas

Igiliz doit son nom à la forme de la montagne qui abrite le site archéologique. Si celui-ci date pour l’essentiel de la période médiévale, la montagne est quant à elle beaucoup plus ancienne. Le site d’Igiliz occupe le sommet d’un piton montagneux isolé, d’orientation ouest-est, qui domine la vallée de l’Assif-n-Warghen « la Rivière (de la tribu) des Arghen ». Son sommet atteint une hauteur de 1350 m. Igiliz fait partie d’une vaste chaîne montagneuse très ancienne, à la bordure nord de l’Anti-Atlas occidental. La région est bien connue des géologues pour ses couches sédimentaires dites « adoudouniennes », vieilles de plus de 500 millions d’années, qui donnent au relief ses contours caractéristiques, avec ses falaises et ses barres rocheuses. Cet étage géologique a fourni la pierre calcaire qui a servi à bâtir le site d’Igiliz. En langue amazighe, le toponyme « Igiliz » renvoie à la nature du relief. Il signifie en effet le « piton » ou la « montagne isolée ».

Igiliz, un site puissamment fortifié

Puissamment défendue par le relief et par la main de l’homme, la montagne d’Igiliz a victorieusement résisté aux assaillants lors des débuts du mouvement almohade. En plus des défenses naturelles que lui procure son relief escarpé, le sommet de la montagne d’Igiliz a été protégé par de puissantes fortifications. C’est notamment le cas de son versant nord-est : le sentier sur lequel vous vous trouvez traverse en effet un endroit stratégique, qui donne accès à la partie principale du site. Les Almohades ont patiemment renforcé les pentes par des murs de moellons et de blocs de pierre qui forment les murailles que vous allez à présent longer pour atteindre le cœur du site d’Igiliz. Les techniques employées pour ériger ces murailles sont simples, mais d’une redoutable efficacité. Grâce à son caractère inexpugnable et à son système défensif, les Almohades ont ainsi pu résister victorieusement à deux sièges successifs (en 516 puis 517 de l’hégire / 1122 puis 1123 apr. J.-C.).

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