Foz do Chapecó

Mise en évidence lors de recherches d’archéologie préventive en 2006, la région de Foz do Chapecó fait l’objet depuis 2013 d’un projet d’étude international. Les fouilles des sites Linha Policial 7 et Uruguai 1 fournissent des informations inédites pour la connaissance des premières populations du plateau méridional du Brésil.

Premiers peuplements du Sud du Brésil

Les séquences stratigraphiques de Linha Policial 7 et Uruguai 1 révèlent une succession d’occupations sur les deux berges du fleuve Uruguay entre 12.000 et 9.500 ans avant le présent. Cela situe ces gisements parmi la petite dizaine de sites archéologiques datés des débuts de l’Holocène pour le Sud du Brésil (un territoire équivalent à celui de la France métropolitaine). La couche inférieure de Linha Policial 7 est même le plus ancien témoignage de présence humaine connu à ce jour pour l’Etat de Santa Catarina. On trouve principalement dans ces niveaux archéologiques des outils et des déchets de pierre taillée produits sur les roches locales : galets et blocs de grès, silex, calcédoine, quartz, basalte. De rares restes osseux et des foyers suggèrent que chasse et pêche étaient pratiquées à proximité et les ressources obtenues consommées sur place. La composition des assemblages correspond à des haltes temporaires et répétées. 

Une industrie lithique foisonnante

La richesse de l’industrie lithique à Foz do Chapecó est impressionnante. Non par sa quantité, puisque les quelques milliers de vestiges retrouvés ne témoignent pas d’une abondance particulièrement marquée, mais par sa diversité et sa qualité technique. Un échantillon de la plupart des grandes familles de méthodes de taille de la pierre connues pendant la Préhistoire était utilisé à Linha Policial 7 et Uruguai 1 au début de l’Holocène : façonnage bifacial, débitage d’éclats par méthodes prédéterminées ou non, dont certains par percussion bipolaire, et, entre 10.500 et 9.500 avant le présent, débitage laminaire. Cette dernière production n’est connue nulle part ailleurs au Brésil. Les outils obtenus sont variés : bifaces massifs, tous types d’outils sur éclats, lames retouchées (préférentiellement sur les côtés longs), pointes de projectile bifaciales… Cette diversité contraste avec la vision commune de la technologie des premières populations du Sud du Brésil, pour lesquelles on ne documente souvent qu’une production normée de pointes de projectile, la fabrication de l’outillage quotidien étant qualifiée d’expédiente ou de peu élaborée. Les sites de la région de Foz do Chapecó contribuent à préciser les premiers moments du peuplement du Brésil méridional, en y pointant une spécificité locale, liée sans doute à une dynamique propre au bassin du rio de La Plata, et aux régions argentines et uruguayennes voisines.

Une dense occupation tupiguarani

Foz do Chapecó continue d’être occupé au long de l’Holocène moyen, mais les niveaux archéologiques de cette période, plus discrets, doivent encore être explorés en détail. En revanche, à la fin de la séquence, autour d’il y a 500 ans, une importante population a établi son village à Uruguai 1. Elle se rapporte, notamment par sa céramique, à la tradition archéologique dite « Tupiguarani », extrêmement répandue dans tout le sud du Brésil. Ces couches archéologiques supérieures livrent des structures domestiques, foyers, zones de rejet, outils en pierre, fragments céramiques, parure et des structures funéraires (soit au sein de grandes urnes céramiques, soit en pleine terre). Il offre une opportunité de percevoir le quotidien des populations autochtones à la veille de la colonisation européenne.

Liens utiles

• Site du programme franco-brésilien contenant photos, membres et institutions partenaires, et liste des publications : pafsub.wixsite.com