Djibouti

Des Hyènes et des Hommes : petite histoire de prédateurs…

Depuis des temps immémoriaux, l’Homme partage les mêmes milieux que les plus grands des prédateurs, qu’il s’agisse des lions, des léopards ou même des hyènes. Seule la connaissance des comportements actuels de tels prédateurs est l’une des clés de la compréhension des comportements du passé. Alors comment hommes et hyènes interagissent aujourd’hui ?

Une jeune bergère et ses ânes au lac Abhé dans le bassin du Gobaad (République de Djibouti) © Jean-Baptiste Fourvel

De prédaté à prédateur

La prédation, c’est-à-dire la recherche, l’acquisition et l’exploitation des ressources carnées, est un moteur fondamental de notre évolution. Le genre humain émerge il y a un peu plus de 2,5 millions d’années et nous sommes, à l’origine, des charognards ne chassant pas ou peu. Parfois même, nous devenons les proies des carnivores tels que les hyènes. Pourtant, au cours du temps, notre place évolue progressivement vers celle de chasseurs aguerris au sommet de la chaîne alimentaire.

De prédaté à prédateur, cette évolution comportementale est attestée par des faits archéologiques. En revanche, nous ne connaissons pas les facteurs à l’origine de ces changements. Le carnivore qui, comme l’homme, a une longue histoire comportementale, avec des changements qui ont des incidences sur sa position au sein de la chaîne alimentaire est peut-être la réponse au problème. Il est donc important de saisir dans quelle mesure on peut relier l’évolution des carnivores à celle des humains.

Comprendre les espèces disparues

C’est dans ce contexte que s’inscrivent les recherches actualistes menées à Djibouti en complément du programme archéologique. Ces recherches se focalisent sur l’étude du comportement d’espèces actuelles, des hyènes en l’occurrence, présentes en très grand nombre dans le bassin du Gobaad, pour mieux saisir les comportements des espèces anciennes ou disparues. L’approche repose sur l’étude combinée des restes osseux prélevés dans leurs tanières, reliefs des proies des prédateurs, avec des observations d’ordre éco-éthologique (observation directe du comportement des animaux), mais aussi se concentrant sur les relations qui lient les communautés humaines, souvent pastorales, avec ces carnivores.

Djibouti, un écosystème complexe

Djibouti est un secteur tout à fait privilégié pour ce type de démarche : un écosystème complexe où se croisent de manière quotidienne des communautés humaines pastorales et un carnivore emblématique qu’est l’hyène. À l’issue, des modèles d’interprétation et de compréhension des habitats et des modes de vie des prédateurs sont établis ; ils sont des atouts majeurs à la connaissance de l’évolution des comportements humains vis-à-vis des communautés de grands carnivores depuis les temps anciens où l’Homme est la Proie, jusqu’aux temps les plus récents où l’Homme devient le Chasseur.

Présentation de la mission

Mis en place en 2019, ce projet, adossé à la mission Premières sociétés de production dans la Corne de l’Afrique (ministère français de l’Europe et des Affaires étrangère et IRAH à Djibouti) dirigée par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse), vise à identifier les comportements des prédateurs actuels et la place qu’ils occupent au regard des communautés pastorales.

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