Moldavie - Il y a 30 000 ans

Climăuti II

Le site de plein air de Climauti II témoigne d’occupations humaines durant le Paléolithique supérieur, plus précisément il y a entre 35 000 et 25 000 ans. S’il fait partie d’un ensemble de sites répartis le long du Dniestr (frontière orientale de la Moldavie), il est à le seul en Moldavie à témoigner de la construction et de l’utilisation de structures en os de mammouth, connue dans d’autres régions de l’Europe centrale et orientale.  

Climauti II. Le secteur 2 en cours de fouille © S. Chelban

Les fouilles de sauvetage de 1989 avaient mis au jour deux cabanes en os de mammouth sur ce site connu depuis les années 1970. Les fouilles en cours depuis 2024 investissent deux nouveaux secteurs, dans le but d’identifier d’autres structures et/ou d’identifier les aires d’activité du site, que l’on fouille rarement sur ce type de site. Différentes occupations se sont succédé au sein de ces espaces où les groupes de chasseurs-collecteurs ont exploité du silex et différents gibiers (mammouth, bison, cheval, renne, loup, renard).

Le mammouth, une ressource à vocations multiples

Les fouilles de Climauti II documentent, depuis 2024, l’exploitation d’une des ressources animales majeures du Paléolithique supérieur d’Europe centrale et orientale : le mammouth. Si cet animal fut, dans ces régions, une ressource alimentaire importante, les groupes humains ont également utilisé ses os et ses dents (dont l’ivoire des défense) comme des matériaux, travaillés pour confectionner par exemple des outils, des armes, des éléments de parure et des supports de gravure et de sculpture. Mais ses restes osseux et dentaires furent également utilisés comme matériaux de construction dans la réalisation de structures, comme en témoigne le site de Climauti. Les fouilles de 2025 ont permis d’identifier le tronçon d’une nouvelle cabane, comme l’indique la présence de crânes et de dents, d’os longs et d’une omoplate entière. La découverte de vertèbres lombaires de mammouth en connexion identifie également une aire de rejet ou d’activité dans le second secteur.

Utiliser les coquillages marins, l’ivoire et l’os pour fabriquer des perles

La fabrication d’éléments de parure fut également très répandue chez ces populations et un certain nombre de perles ont été mises au jour dans les niveaux d’occupation des deux secteurs fouillés à Climauti II. Leur étude déterminera si ces coquillages marins et ces perles en ivoire et en os ont été fabriqués sur place ou bien si ils ont été apportés par les groupes qui se sont installés sur le site, et dans quelles proportions.

Société et environnement : une recherche internationale et interdisciplinaire

Après la découverte des structures d’habitat en os de mammouth  lors des fouilles préventives menées en 1989, et suite aux sondages réalisés à la fin des années 2000 et en 2024, ce site est de nouveau l’objet d’investigations archéologiques dans le cadre d’un projet de recherche international incluant la France (L. Fontana), la Moldavie (V. Burlacu) et le Royaume-Uni (P. Pettitt). D’une part, l’identification de nouvelles structures et d’aires d’activité permettra de contribuer à la meilleure compréhension de la fonction des structures en os de mammouth et du statut de ce type de sites. D’autre part, les études documentant l’environnement exploité (étude sédimentaire, analyses géochimiques, étude de la zoocénose, datation) sont essentielles dans la mesure où les environnements sont assez mal connus à l’ échelle des espaces exploités. L’étude interdisciplinaire est fondée sur l’analyse conjointe des différents types de vestiges qui permet de questionner l’acquisition et l’exploitation des ressources, le choix et la fabrication des industries lithiques et en matières dures animales, la construction de la structure en os de mammouth, et l’organisation spatiale du campement.

La mission est soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, l’Université de Durham (Royaume-Uni), et la Réserve Naturelle et Culturelle 'Orheiul Vechi' & Institut du Patrimoine (Moldavie).