Il y a presque 15 siècles (1485 ans). Serbie

Caričin Grad - Justiniana Prima

Caričin Grad, identifié à Justiniana Prima - ville fondée vers 535 par l'empereur de Byzance Justinien -, comportait des édifices prestigieux, mais fut cependant délaissé moins d’un siècle après son implantation

Vue du site archéologique de Caričin Grad, prise au drone en juillet 2019. © Mission archéologique franco-serbe de Caričin Grad

Les premières fouilles ont été réalisées par des archéologues serbes dès 1912.

Depuis 1978, les recherches archéologiques sont menées annuellement dans le cadre d’une collaboration franco-serbe entre l’Institut archéologique de Belgrade, l’École française de Rome et le Ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

L'organisation du site

Le site mis au jour par les fouilles archéologiques couvre une superficie d’environ 9 hectares ; structuré par des remparts, il comprend trois parties distinctes : l’Acropole, la Ville Haute et la Ville Basse. Cette ville construite à l’initiative de l’empereur byzantin connut une existence brève, puisqu’elle fut abandonnée au moment des invasions avaro-slaves, vers 615. Des exemples de villes neuves occupées si peu de temps sont extrêmement rares, ce qui lui confère un intérêt scientifique exceptionnel. Cette existence éphémère est également particulièrement intéressante pour assigner une chronologie aux objets trouvés lors des fouilles (outils en métal, céramiques et ustensiles divers…) et aux éléments décoratifs ornant les édifices (mosaïques, chapiteaux sculptés).

Les recherches récentes

Depuis 2011, l’étude de Caričin Grad connaît un renouvellement important grâce à diverses collaborations internationales et à l’apport des nouvelles technologies au service de l’archéologie. Les connaissances relatives à la périphérie comme à l’espace intra muros de la ville ont ainsi été substantiellement renouvelées. L’application de la technique du LiDAR topographique a en effet mis en lumière l’existence d’un quartier suburbain assez étendu, qui devait être protégé par un muret construit en pierres, et a permis de localiser au sud-ouest une partie du tracé de l’aqueduc qui alimentait la ville en eau. Une prospection géoradar a aussi été réalisée à divers endroits du site grâce à l’implication de Wolfgang Neubauer, du Ludwig Boltzmann Institute for Archaeological Prospection and Virtual Archaeology de Vienne. Cette collaboration fructueuse a notamment permis d’identifier la présence de vestiges d’un édifice présentant un plan particulier comportant quatre conques. Situé dans la partie sud-est de la ville Basse, il fait l’objet d’un nouveau programme de fouilles depuis 2019.

Des études archéobotaniques et archéozoologiques ont également fait progresser les connaissances sur l’alimentation des habitants de la ville et sur les types d’animaux destinés à l’élevage, au transport ou aux travaux d’aménagement de la ville. Par ailleurs, les restitutions architecturales 3D, basées sur les découvertes des fouilles archéologiques menées jusqu’ici, sont très évocatrices et suggèrent les conceptions urbanistiques et la richesse architecturale de cette ville neuve construite au cœur des Balkans.