Saint-Syméon-le-Stylite
Situé dans le nord de la Syrie, le sanctuaire de Saint-Syméon érigé à la fin du Ve siècle autour de la colonne du premier stylite, constitue la figure emblématique de l’ensemble des « anciens villages de la Syrie du Nord » inscrits en 2011 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le massif calcaire du nord de la Syrie dans lequel le sanctuaire de Saint-Syméon se place forme une entité paysagère karstique et un conservatoire archéologique remarquable en raison du nombre élevé de ses vestiges antiques et de leur état de conservation qui, jusqu’à la fin du XXe siècle, n’étaient altérés que par les tremblements de terre.
Stylitisme et pèlerinage
Syméon-le-Stylite l'Ancien (vers 390-459), a été le fondateur d’une forme particulière d’ascétisme qui consistait à demeurer retiré au sommet d’une colonne, en prière. Sa vie est rapportée par trois textes, deux vies en grec et une en syriaque. Il passa une quarantaine d’années au sommet de plusieurs colonnes successives de plus en plus hautes. À sa mort son corps fut transporté à Antioche puis à Constantinople. Et on décida alors de construire autour de la dernière colonne du saint un centre de pèlerinage comprenant un martyrion cruciforme centré sur la dernière colonne, un monastère, doté de sa propre église, un baptistère, lui-aussi flanqué d’une église, ainsi que des bâtiments de service et d’hôtellerie. L’ensemble était ceint d’un mur de clôture (mandra) que l’on franchissait par une triple porte monumentale. Les pèlerins empruntaient pour se rendre au sanctuaire une voie sacrée dont le point de départ était marqué dans le village de Télanissos (actuel Deir Sem‘an) par un arc triomphal, des bâtiments d’accueil et des boutiques liés au pèlerinage. Dans ce village se trouvent les vestiges de trois monastères et d’un grand moulin également attachés au sanctuaire. À l’écart du village, non loin de l’entrée du sanctuaire, se trouvaient des bains. Jusqu’à une destruction brutale en 1017, le sanctuaire a conservé un religieux auquel s’était ajouté, à la fin du Xe siècle un rôle militaire par la fortification du bras ouest du Martyrion. L’aspect puissant des ruines ainsi que peut-être le souvenir de cette phase ont donné le nom arabe actuel de qal‘at « citadelle ».
Découverte du site
Le premier relevé du monument a été réalisé dès 1743-1745 par le révérend Richard Pococke. Le site a été exploré et publié ensuite par Melchior de Vogüé, il a été étudié par la mission américaine de l’université de Princeton dirigée par Howard Crosby Butler. Il a fait l’objet de fouilles archéologiques sous la direction de Daniel Krencker. Des travaux de dégagements et de restauration ont été conduits dans les années 1950-1960 par Georges Tchalenko, Institut français d’archéologie de Beyrouth. Depuis 1980, la mission française a repris l’étude et les travaux sur l’ensemble du sanctuaire et le village en collaboration avec la Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAMS).
Présentation de l’équipe de recherche
La mission archéologique française de Qal‘at Sem‘an, dirigée de 1980 à 2006 par Jean-Pierre Sodini, a mis l’accent sur la compréhension des monuments majeurs du sanctuaire : martyrion, baptistère et propylée. La Mission archéologique française de Deir Sem‘an et Qal‘at Sem‘an est placée depuis 2007 sous la direction de Jean-Luc Biscop. Elle a pour objectifs principaux l’étude de la culture matérielle au temps du pèlerinage, l’étude de l’architecture et du développement de type urbain du village dans l’orbite du sanctuaire. Des fouilles ont été menées dans le secteur de l’arc triomphal, des boutiques et des bains. La totalité des bâtiments du sanctuaire et l’ensemble des monuments majeurs du village ont faits l’objet de relevés lasergrammétriques et photogrammétriques entre 2003 et 2010 grâce à la collaboration de l’Ecole Nationale des Sciences Géographiques (ENSG) et l’Unité Mixte de Recherche 3495 "Modèles et simulation pour l'Architecture et le Patrimoine".
Le programme a été soutenu par le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’Université de Paris1 Panthéon-Sorbonne, l’Institut Français du Proche-Orient, l’Unité mixte de Recherche 8167 "Orient et Méditerranée" et le Laboratoire d'Excellence "Religions et Sociétés dans le Monde Méditerranéen". Elle a rassemblé, au cours des années, des chercheurs, des étudiants et des spécialistes de différents domaines.
En savoir plus : www.orient-mediterranee.com/spip.php?article920