République démocratique du Congo

Le massif de Lovo

Le massif de Lovo se trouve dans le nord d’un ancien royaume africain, le royaume de Kongo. Même si ce royaume est, à partir de 1500, l’un des mieux documentés de toute l’Afrique, il reste en partie méconnu sur le plan archéologique. Nous avons entrepris notre recherche pour pallier à certaines de ces lacunes.

Vue générale du massif de Lovo : sur environ 400 km2 se dressent des centaines de massifs percés de nombreuses grottes et abris-sous-roche. © Mission Lovo/ Geoffroy Heimlich

À la différence des arts rupestres du Sahara ou d’Afrique australe, richement documentés, ceux d’Afrique centrale restent encore aujourd’hui largement méconnus. Avec 117 sites inventoriés, le massif de Lovo contient la plus importante concentration de sites rupestres de toute la région, ce qui représente plus de 5700 images rupestres.

Le massif de Lovo, une source de renseignements inestimables

Notre projet est le résultat de plus de dix années de recherches archéologiques dans le massif de Lovo. Il est soutenu depuis 2016 par le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, et depuis 2019 par le Ministère de la Culture. Il est réalisé en collaboration étroite avec l’Institut des Musées Nationaux du Congo, l’instance congolaise en charge de la protection du patrimoine culturel.

Quelques datations

Pour vous donner un aperçu du massif de Lovo, il faut vous imaginer que sur environ 430km2 se dressent des centaines de massifs calcaires au relief spectaculaire percés de nombreuses grottes et abris-sous-roche. Pour la première fois, nous avons pu effectuer des datations directes de l’art rupestre par la méthode du radiocarbone, allant du XIIIe au XVIIIe siècles, qui confirment les liens avec le royaume de Kongo et avec ses rituels. Le croisement des points de vue historique, archéologique et ethnologique montre l’importance de l’art rupestre dans la culture kongo. Certains aspects rituels et symboliques qui s’y rattachent peuvent être attribués avec assurance à l’ère préchrétienne. Des signes très simples, comme la croix par exemple, peuvent se mettre à « parler » à condition de pouvoir les dater et de les situer dans un contexte culturel précis. Ainsi, nous avons pu mettre en avant la teneur composite du message de la croix, qui est un des points d’articulation d’un syncrétisme religieux ancien.

Un art rupestre

Cela nous a également permis de lier une partie de l’art rupestre à des pratiques initiatiques comme le kimpasi ou le santu. Notre étude a également enrichi le système décoratif kongo, en montrant que l’art rupestre participe du même système d’ornementation et qu’il est bel et bien une partie importante des vestiges de l’ancien royaume de Kongo. Au même titre que les sources historiques ou les traditions orales, il peut apporter aux historiens une documentation de premier plan et contribuer à reconstruire le passé de l’Afrique.

Notre travail contribue également à nous alerter sur la nécessité du classement et de la préservation de ces ensembles remarquables, menacés par l’exploitation industrielle des massifs. Vu le haut intérêt culturel, historique et naturel de ces sites, les autorités congolaises envisagent une initiative pour inscrire le massif de Lovo sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.