Les fortifications de Delphes
Le sanctuaire d’Apollon Pythien à Delphes et son oracle, où le dieu faisait connaître ses volontés par la bouche d’une femme, la Pythie, sont mondialement connus. Pourtant, la piété des hommes n’a pas toujours suffi à défendre Delphes et le site a connu deux phases majeures de fortification dans l’Antiquité.
A peine citées dans les sources antiques, très peu étudiées par les archéologues, les fortifications de Delphes paraissaient devoir rester dans l’ombre du sanctuaire. Les fouilles récentes ont permis pourtant de renouveler profondément nos connaissances, non seulement sur les murs qui ont défendu Delphes à certains moments de son histoire, mais aussi sur l’histoire du site dans son ensemble.
Le programme de recherche
Dans le cadre du programme de recherche « Fortifications de Phocide et de Locride » soutenu par le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères et par l’Ecole française d’Athènes, les archéologues étudient depuis 2013 le secteur des fortifications de Delphes, site placé sous l'autorité du service archéologique grec (Ministère hellénique de la culture et des sports/fond des revenus archéologiques). L’exploitation des données produites par les fouilles récentes est encore en cours, mais celles-ci ont permis déjà de déboucher sur de nouvelles conclusions.
Un sanctuaire jusqu’à présent inconnu
Les fouilles dans le secteur des fortifications ouest, sur l’éperon rocheux qui sépare le site archéologique de la ville moderne, ont permis de mettre au jour des fragments d’un édifice dorique, sans doute un temple, ainsi que des restes d’offrandes (fragments de céramique fine et de vaisselle en bronze) qui datent du VIe et du Ve s. av. J.-C. Si l’identité des divinités honorées sur le promontoire qui fermait le site de Delphes à l’ouest n’est pas encore connue, nous avons là un témoignage important sur la géographie religieuse du lieu, hors du sanctuaire d’Apollon.
Le rempart du IVe s. av. J.-C.
Au milieu du IVe s. av. J.-C., le général phocidien Philomélos s’empare de Delphes et fortifie le site. Les fouilles permettent de mieux connaître l’ampleur de ces travaux destinés à empêcher des peuples voisins hostiles de venir disputer le contrôle du sanctuaire aux Phocidiens.
Les fortifications de l’Antiquité tardive
Si les fortifications d’époque classique sont rapidement abandonnées, l’Antiquité tardive (IVe – VIe s. apr. J.-C) voit la construction d’une enceinte urbaine dont l’importance était restée inconnue des savants modernes. Plusieurs centaines de mètres de ce rempart ainsi que deux de ses portes ont été mis au jour.
La fouille a livré également les vestiges d'un nouveau quartier d’habitation et révélé plusieurs nécropoles aux extrémités ouest et est de la ville.
Au VIe s. et au début du VIIe s. av. J.-C., la ville de Delphes, désormais christianisée, atteint son développement topographique maximal, débordant de son ancien site, notamment vers l’ouest. Le matériel découvert dans ces nouveaux quartiers nous montre qui si Apollon s’est définitivement tu, sa ville est restée prospère et a su se défendre, plusieurs siècles durant, dans un monde devenu plus dangereux.
Liens utiles
- Page de présentation du programme de recherche « Fortifications de Phocide et de Locride »
- Présentation des fouilles des fortifications de Philomélos à Delphes
Bibliographie
Kyriakidis N. et Zugmeyer St., « Synthèse sur les découvertes des fortifications de Delphes », Communication à la table-ronde internationale "Architecture militaire, une culture partagée entre Grèce et Provence", Aix-Marseille Université 23-24/11/17, organisée par N. Faucherre, N. Kyriakidis et St. Zugmeyer, BCH, 143, 2019
Kyriakidis N. et Zugmeyer St., « Les fortifications de Delphes dans l’Antiquité », BCH, 143.1, 2019, p. 249-266 ; DOI:https://doi.org/10.4000/bch.762
Kyriakidis N.et Zugmeyer St. avec la collaboration de L. Fadin, K. Rivière, É. Favier, Th. Lucas, R. Bardet, S. Ferronato, A. Loulelis, N. Beteinis, O. Boubounelle, « Fouille aux fortifications de Delphes (2018) », Rapports en ligne du BCH 2018
Kyriakidis N. et St. Zugmeyer, avec la collaboration de L. Fadin, É. Favier, Y. Mannon, R. Bardet, A. Varraz, A. Guirard et I. Gullo, «Fouille aux fortifications de Delphes (2017) », Rapports en ligne du BCH 2017
N. Kyriakidis, D. Laroche et St. Zugmeyer, «Les fortifications dites "de Philomélos" à Delphes», BCH, 139-140.2, 2016, p. 767-774 ; DOI:https://doi.org/10.4000/bch.424
N. Kyriakidis, Pl. Petridis et St. Zugmeyer, «New Results on the fortifications of Delphi», in Al. Mazarakis-Ainia (éd.), 6ο Αρχαιολογικό Έργο Θεσσαλίας και Στερεάς Ελλάδας, Πρακτικά Επιστημονικής Συνάντησης, Τμήμα Ιστορίας, Αρχαιολογίας, Κοινωνικής Ανθρωπολογίας Πανεπιστημίου Θεσσαλίας και ΥΠΠΟ, Βόλος, 1-4.3, 2018
N. Kyriakidis, Pl. Petridis et St. Zugmeyer,, «Πρόσφατες έρευνες για τις οχυρώσεις των Δελφών», in Al. Mazarakis-Ainia (éd.), 5ο Αρχαιολογικό Έργο Θεσσαλίας και Στερεάς Ελλάδας, Πρακτικά Επιστημονικής Συνάντησης, Τμήμα Ιστορίας, Αρχαιολογίας, Κοινωνικής Ανθρωπολογίας Πανεπιστημίου Θεσσαλίας και ΥΠΠΟ, Βόλος, 26.2-1.3, 2015
Voir aussi
Le projet d’étude de la défense de la ville d’Amphissa dans le cadre du programme « Fortifications de Phocide et de Locride »