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Directeur de Recherche au CNRS. Laboratoire EPOC (Environnement et Paléoenvironnements Océaniques et Continentaux), OASU, Université de Bordeaux.
Étude des spéléothèmes (stalagmites, planchers stalagmitiques) pour reconstruire les paléoenvironnements et pour dater des éléments particuliers (éboulis d'entrée, effondrements, sols etc.).
Les spéléothèmes sont utilisés pour reconstituer les climats du passé. Les isotopes stables de la calcite, ceux des inclusions fluides piégées, les éléments chimiques, la matière organique piégée, l'évolution du C mort, ainsi que les vitesses de croissance sont parmi les signaux utilisés pour reconstituer les paléoenvironnements. Certains spéléothèmes possèdent des lamines de croissance saisonnières (visibles, UV ou géochimiques) donnant alors une résolution annuelle aux transitions climatiques. Les isotopes de la calcite (d13C et d18O) ont enregistré les événements climatiques globaux tels que les transitions g/ig et les événements millénaires (Dansgaard-Oeschger, Youger-Dryas, Bølling-Allerød). Ces marqueurs, alliés aux dates uranium-thorium (U/Th) effectuées sur la calcite (jusqu’à 500 ka), nous donnent un enregistrement de l’évolution du climat à l'intérieur des continents, avec une chronologie absolue inégalée, au-moins pour les périodes antérieures à 40 ka, et apparaissent ainsi complémentaires des autres enregistrements (glaces, sédiments océaniques, lacustres, arbres, coraux etc.). Actuellement nous développons l’aspect quantitatif du signal climatique en reconstituant la température de formation à partir de mesures de 47 et des isotopes dans les inclusions fluides sur des dépôts modernes naturels et artificiels (expérimentation de précipitation de calcite en conditions maîtrisées).
Les datations effectuées sur les stalagmites et planchers stalagmitiques de la grotte Chauvet ont permis de poser des jalons chronologiques importants pour la connaissance de son histoire géomorphologique : âge minimal de l’éboulis d’entrée, de l’effondrement de la salle Hillaire et des sols archéologiques. Parallèlement, l’analyse des isotopes stables effectuée sur les stalagmites a permis de reconstruire l’évolution des climats passés de différentes périodes antérieures, contemporaines et postérieures à l’occupation humaine. Le résultat le plus remarquable est sans doute la reconstitution de la variabilité paléoclimatique de la dernière déglaciation avec une résolution et une pertinence comparable aux enregistrements des glaciaires et lacustres. Pour mieux interpréter les signaux géochimiques issus des spéléothèmes, un suivi hydrologique et isotopique de l’eau d’infiltration a été mis en place ; il complète ainsi le suivi climatique actuel de la grotte effectué par F. Bourges.