Larsa
Tell es Senkereh, un des plus grands sites d’Irak, abrite l’ancienne Larsa, capitale de Mésopotamie. Occupés pendant plus de 6000 ans, Larsa et le site voisin de Tell el 'Oueili nous permettent de mieux comprendre les anciennes civilisations du Proche-Orient.
Entre le Tigre et l’Euphrate, au cœur de la plaine de Basse Mésopotamie, berceau de la civilisation, les ruines de l’ancienne Larsa forment un immense site archéologique de 200 ha. La cité plurimillénaire, qui a connu son apogée au début du IIe millénaire av. J.-C., a été fouillée par des équipes françaises de 1933 à 1989. En 2019, les archéologues français y ont repris leurs travaux.
La recherche archéologique
Après quelques repérages par William Kennett Loftus en 1854 et Walter Andrae en 1903, les premières fouilles sur le site de Tell es Senkereh sont entreprises par André Parrot en 1933. Il revient 34 ans plus tard, pour conduire deux campagnes en 1967, suivies de deux autres sous la direction de Jean-Claude Margueron (1969 et 1970). En 1974, Jean-Louis Huot prend la direction de la Mission Archéologique française de Larsa. Il a pu mener huit campagnes jusqu'en 1989. Après une nouvelle interruption de 30 ans, Régis Vallet reprend les fouilles en 2019, conduisant deux nouvelles campagnes, dont les résultats modifient la compréhension du site.
Histoire du site
À Tell es Senkereh, occupé dès la fin du VIIe millénaire avant J.-C., les vestiges des périodes préhistoriques et protohistoriques, profondément enfouis, n’ont pas encore été explorés. Cité sumérienne de première importance, le royaume de Larsa a été au faîte de sa puissance à l’époque amorrite au début du IIe millénaire. Il parvient à concurrencer la prédominance d’Isin et se lance à la conquête du pays. Le règne de Rîm-Sîn (1822-1763) marque l’apogée de la ville, qui triomphe de la cité rivale en 1794 av. J.-C. L’hégémonie de Larsa est de courte durée. Hammurabi, roi de Babylone, prend la ville, en 1763 av. J.-C. Par la suite, Larsa n’a jamais retrouvé sa puissance d’antan. La ville célèbre pour son temple millénaire, l’E.babbar, résidence de Šamaš le dieu soleil, est occupée jusqu’à la veille de notre ère.
Une cité brillante
Le site de Tell es Senkereh est couvert d’innombrables bâtiments. Les deux premières campagnes ont permis de dégager le palais amorrite du roi Nûr-Adad. Par la suite, de 1970 à 1985, les travaux se sont concentrés sur l’E.babbar (« temple brillant »), le célèbre temple de Šamaš, révélant sur près de 300 m les vestiges du centre cultuel de la ville, comprenant une ziggurat. À partir de 1985, la découverte de photos aériennes a permis de mener un programme sur l’urbanisme pour mieux comprendre l’organisation de l’ancienne capitale. De nouvelles opérations ont également été menées sur l’habitat, notamment sur de grandes maisons paléo-babyloniennes du XVIIIe siècle av. J.-C. et sur un petit palais du IIIe millénaire, le bâtiment « B33 ».
Tell el ‘Oueili
Tell el ‘Oueili est un petit site préhistorique satellite de Larsa. Découvert en 1967, il a été fouillé entre 1976 à 1989. Les travaux à ‘Oueili ont permis de connaître la fin de la préhistoire en Basse Mésopotamie en révélant la plus ancienne occupation sédentaire de cette région, datée de la fin du VIIe millénaire av. J.-C. Elles ont permis ainsi de découvrir une phase inconnue de la culture d’Obeid (Obeid 0), vieillissant celle-ci d’un demi-millénaire. Enfin, les vestiges témoignent de l’évolution des techniques de conservation et de l’apparition de l’architecture monumentale au cours de la longue période d’Obeid (fin VIIe millénaire – Ve millénaire).
Les anciennes sociétés de Basse Mésopotamie
Les travaux réalisés à Larsa et ‘Oueili permettent de découvrir les anciennes civilisations de Basse Mésopotamie, dès premières communautés villageoises, qui ont développé une riche culture matérielle, jusqu’à la veille de notre ère. Pendant des millénaires, les sociétés mésopotamiennes ont été à la pointe de l’innovation et ont développé un artisanat qui a fait leur prospérité, comme en témoignent des découvertes exceptionnelles. Enfin, les pratiques funéraires identifiées à Larsa constituent d’importants indices pour appréhender ces anciennes communautés dont les origines sont multiples.
La vie de la mission
Les archéologues qui ont participé à une campagne de fouille à Larsa et 'Oueili s’en souviennent comme une expérience intense. Au milieu d’un désert peuplé de tribus nomades, la mission était logée dans une maison en lisière de Larsa, coupée du monde. Les archéologues y travaillaient trois mois durant pour étudier et décrire (sans informatique) leurs découvertes. La qualité des sites et des résultats permettait de supporter les inconvénients du quotidien, inconfort, isolement, la météo rude, peu de distractions et fatigue d’un travail éprouvant.
Les archives de la mission archéologique de Larsa et Tell el ‘Oueili
Le service des archives de la Maison Archéologie et Ethnologie, René-Ginouvès donne accès en ligne aux archives de la mission archéologique de Larsa et Tell el Oueili (1970-1989)
Larsa dans les collections du musée du Louvre
Le département des Antiquités orientales du musée du Louvre conserve et présente des collections provenant du site de Larsa : Statue dite de "l'Adorant de Larsa", Vase dit "d'Ishtar", Plaquette avec une déesse nue ailée
En savoir plus
- Rapports de fouilles : cnrs.academia.edu/RegisVallet
La lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels est l'une des priorités du ministère de la Culture, qui prête une grande attention à l'ensemble de ces problématiques, notamment par son rôle régalien de contrôle de la circulation des biens culturels.