Tiekene-Boussoura
Monolithes et pierre sèche dans l'architecture des monuments mégalithiques, à Tiekene-Boussoura
La reprise des fouilles archéologiques sur un monument déjà étudié il y a plus de cinquante ans établit un lien entre certains de ces mégalithes, classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité, et des techniques de construction en pierre sèche toujours en usage chez les Bassari, au Sénégal oriental, dont le Patrimoine immatériel fut également classé par l'UNESCO.
Les fouilles de la nécropole de Tiekene-Boussoura
La nécropole de Tiekene-Boussoura comprend de très nombreux monuments qualifiés de mégalithiques de par la présence d'au moins une pierre dressée à l'est. Leurs ruines apparaissent dans le paysage sous des formes parfois très différentes : cercles de pierres dressées, cercles pierriers, tumulus pierriers, etc. Neuf de ces monuments, aujourd'hui classés comme monuments historiques au Sénégal, avaient été fouillés par G. Thilmans et C. Descamps dans les années 1970 : ils se distinguent de ceux découverts plus à l'ouest du Sénégal et de la Gambie, par la présence d'inhumations, individuelles ou doubles, parfois sur plusieurs niveaux, comme par l'absence de mobilier associé aux ossements humains ou de céramiques déposées devant la façade orientale du monument.
Aucune fouille archéologique n'avait été réalisée depuis cinquante ans dans cette zone centrale du mégalithisme sénégambien. En reprenant l'étude de quelques monuments de cette nécropole mégalithique, nous souhaitions tester, à plus large échelle, la reproductibilité des observations précédemment effectuées sur le site mégalithique de Wanar, dans le bassin du Bao Bolon. Trois monuments ont été sélectionnés : un cercle mégalithique composé de monolithes étroits et allongés disposés de façon jointive, un cercle pierrier disposant seulement de quelques pierres dressées en position frontale, un petit tumulus pierrier dépourvu de tout élément mégalithique. Les fouilles sont en cours.
L'architecture du cercle mégalithique se révèle similaire à celle des autres monuments aux monolithes étroits et allongés, tels ceux déjà étudiés sur la nécropole de Wanar, mais livre aussi des informations tout à fait nouvelles. Une épaisse sédimentation récente sur ce plateau permet de démontrer que les pierres en position frontale ont été érigées bien après la construction du cercle mégalithique. Celui-ci fut bâti alors que le niveau du sol protohistorique se trouvait à plus de 60 cm sous le niveau de la surface du sol actuel, et bien avant la construction d'un cercle pierrier, un peu plus à l'est. Ce cercle pierrier avait déjà été fouillé par l'équipe de G. Thilmans qui cependant n'avait pas complètement dégagé une structure circulaire en pierre sèche, très proche dans son principe des techniques de construction encore employées de nos jours par les Bassari, au Sénégal oriental.
L'étude du petit tumulus pierrier, enfin, démontre ici également l'existence sous-jacente de plateformes quadrangulaires bâties en terre crue. À ce jour, les chambres funéraires correspondantes, creusées dans le sol et situées sous de tels dispositifs monumentaux en élévation, n'ont pas encore été atteintes.
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