Sungai Jaong & Bongkisam
Découverts dans les années 1950, Sungai Jaong et Bongkisam à Sarawak (Malaisie) abritent les vestiges, rares pour cette époque en Asie du Sud-Est, d'une industrie de réduction du fer vieille d'environ un millénaire, ainsi que le seul monument hindo-bouddhique de Sarawak, peut-être plus ancien.
La mission archéologique à Sarawak en Malaisie est une coopération entre l'Ecole française d'Extrême-Orient et le Département des Musées de Sarawak. Le but principal est de relancer des recherches sur des sites du delta du fleuve Sarawak, en bordure de la Mer de Chine méridionale, à quelque 30 kilomètres au nord de Kuching, la capitale de l'Etat.
Des sites d'industrie du fer
Découverts et fouillés partiellement durant les années 1950 et 1960, les sites de Sungai Jaong et de Bongkisam font partie d'une série de sites exceptionnels à double titre. Il s'agit tout d'abord de sites qui ont livré des quantités très importantes de vestiges liés à des activités de réduction du fer, à propos desquelles les connaissances sont encore très lacunaires en Asie du Sud-Est pour la période considérée, à savoir les Xe – XIe siècles, voire plus tôt. À ces vestiges sont associées des traces probables d'habitat, notamment sous forme de céramiques chinoises.
La première campagne de fouilles s'est déroulée à Sungai Jaong en 2019 avec des résultats prometteurs. La mission a ici pour objectifs de préciser l'environnement du site à époque ancienne, de cerner le périmètre du site et sa chronologie, de réaliser une étude technologique de l'industrie du fer permettant d'établir des comparaisons avec des sites équivalents contemporains en Asie du Sud-Est, voire plus loin, d'examiner les relations entre les vestiges probables d'habitat et les vestiges de l'industrie du fer, de déterminer l'origine des habitants, leur mode de vie, ainsi que leurs contacts avec le monde extérieur proche et lointain.
Une structure hindo-bouddhique
Les fouilles menées en 1966 à Bongkisam ont révélé une petite structure hindo-bouddhique en pierre, unique à ce jour dans l'Etat de Sarawak. L'un des objectifs du programme est de reprendre d'étude de ce vestige des points de vue chronologique, fonctionnel et symbolique. Ce qu'il reste du monument a été dégagé en 2018 en vue d'une présentation au public.
Valoriser ce patrimoine
La mission archéologique à Sarawak débute en effet en même temps que l'aménagement du Santubong Archeological Park géré par le Département des Musées de Sarawak. Cet aménagement inclut en particulier la construction d'un petit centre d'information en bordure du site de Sungai Jaong, centre où il est prévu de présenter certains vestiges et résultats de la mission archéologique. Un parcours sur le site-même permettra aux visiteurs d'avoir accès aux zones de fouilles, ainsi qu'à des blocs rocheux sculptés, taillées et gravés de divers types de représentations qui restent énigmatiques.
Une mission franco-malaisienne
La mission est dirigée par Daniel Perret (EFEO) côté français, et par Mohd Sherman bin Sauffi (Département des Musées de Sarawak) côté malaisien. Stéphanie Leroy (LAPA-IRAMAT, NIMBE, CEA, CNRS, université de Paris-Saclay) collabore à la mission pour le volet archéo-métallurgie, Zhao Bing (CNRS UMR 8155 – CRCAO, EPHE, Collège de France) pour l'étude des céramiques chinoises, Yohan Chabot (postdoctorant, ERC DHARMA, EFEO, CNRS-EHESS) pour le volet paléo-environnement. La mission a également pour vocation de former le personnel de la section Archéologie du Département des Musées de Sarawak.
Jusqu'en juillet 2019, les travaux de terrain ont été effectués dans le cadre de l'IRIS Etudes Globales financée par l'Idex PSL portant la référence ANR-10-IDEX-0001-02 PSL*. Ils ont également bénéficié d'un appui financier de l'Ambassade de France en Malaisie et de l'EFEO.
Le projet est soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles.