Maroc - Il y a 13 siècle

Sijilmâsa

Les vestiges de la cité islamique médiévale de Sijilmâsa sont situés dans le sud-est du Maroc, dans l’oasis du Tafilalet à proximité immédiate de la ville de Rissani. Sijilmâsa fut pendant plusieurs siècles (VIIIe - XVe siècle) un port caravanier et un carrefour commercial incontournable entre la région de Sahel et celle du Maghreb. A partir du XVe siècle, elle décline en raison du déplacement des grands axes du commerce transsaharien.

Secteur hydraulique situé à quelques mètres au nord-est de la zone de fouille principale. ©Mission archéologique maroco-française, 2015.

Mentionnée dans de nombreux récits de voyageurs, la ville de Sijilmâsa fit l’objet dès les années 1970 de plusieurs campagnes de fouilles archéologiques, dont le plus récent, le programme maroco-français initié en 2012 et codirigé par Elarbi Erbati et François-Xavier Fauvelle. Les fouilles attestent de la longue occupation de la ville dont les vestiges témoignent de la succession de différents Kalifas tel que les Fatimides et Almoravides.

La naissance de Sijilmâsa

Sijilmâsa est un site majeur tant pour l’histoire de l’Afrique que pour l’histoire économique et politique du monde méditerranéen médiéval, dont la riche histoire est relativement bien rapportée par les chroniqueurs médiévaux. Fondée, d’après les textes, par la tribu Miknâsa au milieu du VIIIe siècle apr. J.-C., et aux dépens de plusieurs établissements antérieurs, puis dominée par la tribu berbère des Banû Midrâr qui en fait un émirat kharidjite sufrite indépendant.

Une cité du commerce transsaharien

Sijilmâsa devient rapidement une plaque-tournante du commerce transsaharien médiéval, en tant que première « porte » pour la traversée du Sahara et principal entrepôt, connectant l’Afrique du Nord aux puissants royaumes sahéliens. Suite à de brefs épisodes de domination fatimide au cours du Xe siècle, c’est véritablement la conquête almoravide au milieu du XIe siècle qui accélère le développement de Sijilmâsa. Pendant près d’un demi-siècle, la ville détient le monopole des frappes de dinars d’or et devient le principal atelier monétaire du Maghreb. Par la suite, la ville passe tour-à-tour aux mains des dynasties berbères almohades et mérinides qui en font un point d’appui économique pour la conquête du Maroc et un refuge en temps de crise.

Le déclin de Sijilmâsa

Le déclin de la ville dès la fin du XIVe siècle est bien décrit par Léon l’Africain, lors de son passage au Tafilalet presque un siècle plus tard, constatant une ville ruinée et la nouvelle configuration rurale de l’oasis organisée en villages fortifiés (les ksour). Désormais à l’écart du principal axe commercial transsaharien (Tlemcen-Touat-Tombouctou), Sijilmâsa reste un point d’activité secondaire et une étape sur la route du Touat. Plus tard, les témoignages archéologiques corrélés aux sources textuelles font état d’une réoccupation partielle de la zone par plusieurs institutions telles que des mosquées et des écoles coraniques. A la même époque, Sijilmâsa devient un foyer de développement de l’islam confrérique (zaouïas, saints) et des lignées chérifiennes. Dans un contexte marqué par l’insécurité, les habitants de Sijilmâsa font appel en 1631 au chérif alaouite Moulay al-Sharîf ꜥAlî, fondateur de la dynastie régnant actuellement au Maroc. Le site de Sijilmâsa est peu à peu abandonné, une ultime attaque perpétrée vers 1818 par la confédération berbère des Ayt Atta, venue du Jebel Sarho à l’ouest du Tafilalet, détruit les derniers bâtiments encore debout sur l’emplacement de l’ancienne cité médiévale, qu’un maillage de tombeaux alaouites et de sanctuaires maraboutiques des XVIe-XVIIIe siècle contribue aujourd’hui à sanctuariser.

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