Sajóbábony, le Paléolithique de la Hongrie
Le Paléolithique moyen de la Hongrie est caractérisé par des industries sans biface et d’autres mêlant bifaces et pièces foliacées. Le pays livre aussi des sites éponymes européens comme le Taubachien, le Jankovichien et le Bábonyen. Ce dernier livrant des pièces foliacées autour de –50 000 ans, figure parmi un de nos principaux centres d’intérêts au Paléolithique moyen récent.
La fouille de plein air de 200 m2 est localisée sur le Mont Méhész-tetö (201 m d’altitude). Plus de 3 000 artefacts exhumés montrent que les néandertaliens ont exclusivement pratiqué le façonnage de pièces bifaciales foliacées. Des prospections pédestres alimentent nos connaissances sur leur vaste territoire.
En l’absence de restes osseux et dentaires, les outils découverts sur le site sont des pièces foliacées (outil emblématique du Paléolithique d’Europe centrale). Ces outils taillés avec soin sont réalisés sur des matières premières locales (4 à 20 km) comme le quartz porphyre et la limno-silicite mais aussi sur des matériaux plus lointains régionaux (andésite, radiolarite, quartz) et extra-régional (silex polonais près de la Vistule à 200 km).
La connaissance des matières premières permet de retracer les aires d’approvisionnement, de circulation, et les zones de transformation de ces matériaux. C’est ainsi que l’on peut mettre en évidence les choix des supports des matières premières (plaquettes quadrangulaires, rognon épais biconvexes, rognon peu épais plano-convexe). Parfois les Hommes sont passés outre ces morphologies de départ, parfois ils ont opéré une sélection plus systématique des modules de départ. Il reste à définir sur les niveaux de transition, qui de l’Homme de Néandertal ou de l’Homme anatomiquement moderne, sont issus ces voyages car le pays est frontalier à sept autres pays d’Europe.
Les stratigraphies sont complexes avec des pédocomplexes érodés et affectés par des pédogénèses variées et des fentes de gel. Six datations par OSL ont été réalisées dans les sols contemporains de l’occupation majeure, au-dessus et au-dessous de ce dernier afin de situer le ou les passages des néandertaliens. La base de la stratigraphie à 2 m de profondeur sans restes archéologiques est datée de –248 000 ans, celle contemporaine de l’occupation se place vers –54 000 ans (stade isotopique 3, pléniglaciaire).
La mission a débuté en 2019. L’équipe hongroise se compose de chercheurs de l’Université Eötvös Lorand à Budapest, du Département de géographie physique de l’Université des Sciences à Budapest, de l’Université de Miskolc, du musée national d’archéologie de Budapest. L’équipe française trouve ses représentants à l’Université de Lille (UMR 8164 Halma, UMR 8187 (LOG), EA 4477 (TVES), EEP 8198 CNRS), à l'UMR 5600 (OMEAA, Lyon), à l'UMR 7194 CNRS (HNHP, Paris), ainsi que des étudiants de L3 au M2 des deux universités de Lille et de Budapest.
Liens utiles
Les partenaires :
- Université de Budapest (Elte) (Hongrie)
- Université de Miskolc (Hongrie)
- Musée d’Histoire naturelle d’Herman Otto de Miskolc (Hongrie)
- Université de Gand (Belgique)
- Musée d’Histoire naturelle de Paris
- UMR 8187-LOG (Univ. Lille, CNRS)
- Université de Lyon 2 (plateforme OMEEA)