L'abri de Sarsyan-Rostam Agha
Situé à l’est du Kurdistan irakien, l’abri sous roche de Sarsyan-Rostam Agha est, avec la grotte de Shanidar, un des rares sites paléolithiques du nord-ouest du Zagros. Sa séquence moustérienne permet de restituer les comportements humains et les modalités de peuplements de la région au cours du Pléistocène supérieur.
Découvert en 2013 lors des prospections menées par la Mission archéologique française du Gouvernorat de Soulaimaniah, le site a été sondé en 2018-2019 révélant une séquence archéologique quasi-unique pour la région. La Mission préhistorique au Kurdistan irakien a été créée en 2021 afin d’initier l’étude pluridisciplinaire du site et dans une volonté de développer les recherches paléolithiques dans une région peu explorée, pourtant fondamentale pour la compréhension des premiers peuplements eurasiatiques.
Un site au cœur des premiers peuplements humains
Au croisement des grands continents, les Monts Zagros constituent une zone charnière pour les migrations et peuplement humains. Si des indices d’occupations sont perceptibles dès le Paléolithique ancien, c’est à partir de la fin du Paléolithique moyen, aux alentours de 70 000 / 50 000 ans, que les montagnes du Zagros semblent avoir été plus intensivement peuplées. L’homme de Neandertal s’y installe durablement en occupant les grottes et abris sous roche.
Surplombant la plaine de Bingird, à l’est de l’actuel lac Dukan, Sarsyan-Rostam Agha est l’un de ces témoins d’occupations probablement néandertaliennes et figure parmi les plus anciennes du Gouvernorat de Soulaimaniah si ce n’est du Kurdistan irakien.
Une identité régionale connue
Le site a préservé une petite séquence moustérienne très riche en vestiges lithiques et osseux. Caractérisée par une production de petits outils laminaires et convergents (pointes) obtenus selon des méthodes Levallois et non-Levallois, l’industrie lithique de Sarsyan-Rostam Agha témoigne d’une certaine stabilité technique et culturelle régionale. L’assemblage lithique recueilli lors du sondage est en effet très proche des industries qualifiées de « Moustérien du Zagros », datées de la fin du Paléolithique moyen et bien représentées dans de nombreux sites en grottes et abris-sous roche du Zagros, iraniens pour l’essentiel (pour exemples, sites de Warwasi, de Bisitun, de Mar Tarik, de Gar Arjeneh).
Des recherches pluridisciplinaires
Constituée en 2021, en partenariat avec la Direction générale des Antiquités de Soulaimaniah, la Mission préhistorique du Kurdistan irakien a reçu le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères sur l’avis de la Commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger. Elle bénéficie de l’appui du service culturel de l’Ambassade de France en Irak et de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo). Les recherches de terrain et de laboratoire sont réalisées par une équipe pluridisciplinaire (associant préhistoire, archéozoologie, paléoanthropologie, paléo-environnement, géochronologie, géologie du Quaternaire) composée de chercheurs et de doctorants de diverses institutions : Direction générale des Antiquités de Soulaimaniah, CNRS, Géoarchéon, Max Planck Institute, Eberhard-Karls-Université de Tübingen.