Philippines - Il y a 700 000 ans

Kalinga

Le site de Kalinga, vieux de 700 000 ans, est le plus ancien témoignage de présence humaine aux Philippines et un des plus vieux en contexte insulaire au monde. Kalinga est un site clé pour comprendre les migrations humaines vers de nouveaux territoires et les comportements de nos ancêtres.

Le site de pleine-air de Kalinga aux Philippines, plus vieux site archéologique des Philippines (© MNHN/Randy Episcope)

Un squelette presque complet d'un rhinocéros associé à plus d’une cinquantaine d’outils a été mis au jour, témoignant d’activités de boucherie. Le site de Kalinga a multiplié par dix la date de colonisation des Philippines et questionne l'origine de notre cousin Homo luzonensis vieux de 67 000 ans.

Un site de boucherie paléolithique

Le site de Kalinga a livré un squelette presque complet d’un rhinocéros portant des traces laissées par des outils démontrant que cet individu vieux de 709 000 ans a été consommé par l’Homme. Des éclats de pierre taillée, potentiellement ceux utilisés pour dépecer la carcasse ont également été retrouvés dans le même niveau, autre preuve de la présence très ancienne de l’Homme aux Philippines, à l’époque où les Homo erectus vivaient en Chine et en Indonésie. L’identité des tailleurs de pierre reste à être identifiée, tout comme leur origine.

Un témoignage d’espèces disparues

Le rhinocéros de Kalinga a été comparé à ses proches parents asiatiques, fossiles et actuels. Il appartient à un nouveau genre, Nesorhinus, connu également sur l'île de Taïwan au nord, et qui trouve ses origines il y a 25 millions d’années en Chine. Pour rejoindre l'île de Luzon depuis la Chine via Taïwan, ce rhinocéros a dû franchir au moins cinq barrières maritimes avec une distance maximale de 50 km et des courants de surface circulaires mais des vents dominants du sud. Il est possible que nos ancêtres de Kalinga aient suivi le même chemin vers cette île qui ne fut jamais connectée au continent. La question se pose alors de leur évolution sur place par la suite, et notamment de leur relation avec l’un de nos ancêtres Homo luzonensis, connu sur la même île vers 67 000 ans.

Des origines mystérieuses

Que la dispersion de nos ancêtres vers les îles philippines ait été active, c’est-à-dire intentionnelle, ou passive, autrement dit par accident suite à l’arrachement d’un lambeau de terre consécutif au passage d’un cyclone par exemple, nous est inconnue. Le site archéologique de Kalinga, par les découvertes qui y ont été faites, participe à ce débat en documentant les capacités cognitives de nos ancêtres du paléolithique inférieur à planifier des actions multiples. Au-delà, le site de Kalinga interroge le mode de vie des préhistoriques dans un cadre environnemental insulaire vierge où vivait une faune tropicale peu diverse.

Un chantier au service de la formation

La fouille du site de Kalinga prend place chaque année depuis 2014 sous la forme d’un chantier-école international, formant des étudiants français et du sud-est asiatique. Les activités de terrain impliquent, également par la formation, les acteurs locaux de ce patrimoine de l’humanité au service de sa conservation et de la dissémination des connaissances qui y sont générées.