Un jardin moghol au cœur de Kaboul

Bagh-i Babour

Le jardin de Babour (Bagh-i Babur en dari) est implanté dans la partie Sud de Kaboul, c’est un des rares exemples de jardin moghol qui soit encore visible et accessible au public et une excellente illustration de l’intégration d’un ensemble patrimonial dans une métropole moderne.

Bagh-i Babour, 2006 © DAFA

Une fondation de l’Empereur Babur

Ce jardin a été aménagé en 1528, deux ans avant le décès de l’empereur moghol Babur (1483-1530). Dans son état actuel il couvre un peu plus de 11 hectares et s’organise à partir de 15 terrasses partagées en leur milieu par le déversoir d’une fontaine construite sur la terrasse la plus élevée qui sont ici pour évoquer une source et un torrent de montagne.

Un modèle de l’art topiaire moghol

Ce jardin est conçu comme une variation du thème du jardin persan traditionnel : le chahar Bagh (les quatre jardins) qui évolue à la période islamique sous la forme de deux Chahar Bagh accolés, symbolisant les huit portes du paradis. Dans la partie supérieure du jardin on trouve un enclos funéraire où ont été placées les stèles de l’Empereur Babur et des membres de sa famille. En 1646 Shah Jahan fit construire à proximité de cet enclos une mosquée de marbre en commémoration de la prise de Balkh aux émirs Ouzbeks.

Au XIXe siècle, un lieu favorisé par les émirs afghans

Fortement endommagé par un tremblement de terre en 1842 le jardin fut reconstruit par l’Emir Abdur Rahman (1844-1901). Dans l’angle Sud-Est du jardin a été construit au XIXe siècle le sérail de la reine qui héberge actuellement l’Académie de musique de la fondation Aga Khan pour la culture. Le pavillon d’été qui domine la perspective sur les terrasses fait partie également des aménagements réalisés par Abdur Rahman.

Ravagé par la guerre

Dans les années 1980 une piscine fut aménagée dans la partie supérieure du jardin puis, des années 1990 à 2001, il eut à souffrir d’importantes dégradations et de nombreuses destructions : les arbres furent coupés et le bois utilisé pour le chauffage, les tombes endommagées. La fondation Aga Khan pour la Culture ainsi que le Deutsches archaeologische Institut entreprirent en 2002 d’importants travaux de restauration et de remise en état basés sur une étude archéologique approfondie du jardin.

Aujourd’hui le jardin est un des rares espaces publics de Kaboul fréquenté par toutes les couches de la société et offre au cœur de la capitale afghane un des meilleurs exemples de jardin moghol ainsi que de l’art topiaire de cette dynastie.