Kurdistan d'Irak - Il y a 5 000 ans

Amyan

Situé dans le nord-ouest du Kurdistan irakien, Amyan est un site multipériode dont l’occupation principale est datée du IVe au Ier millénaire av. J.-C. Sa fouille et l’étude de son environnement permettent de comprendre l’évolution de ce centre urbain au sein de la plaine fertile de Navkur.

Site archéologique d'Amyan (Kurdistan d'Irak), vu vers l'est © MAA

La Mission archéologique d’Amyan a été créée en 2019 dans une volonté de combler un vide des recherches dans une région qui montre pourtant une densité d’occupation exceptionnelle dans l’antiquité : la plaine de Navkur, dans l’arrière-pays de Ninive. Les résultats obtenus se placeront dans la perspective plus large des connaissances actuelles de cette microrégion faisant partie du chapelet des plaines fertiles de Mésopotamie du nord, situées à l’est du Tigre.

Un centre important

Composé d’un tell et d’une ville basse en partie recouverte par un village moderne établi dans les années 70, la superficie totale de l’établissement d’Amyan est d’une quinzaine d’hectares, occupé depuis le néolithique jusqu’à la période islamique. Installé sur les bords de la rivière Kurabak, qui permet de rejoindre le Grand Zab puis le fleuve du Tigre, le site a révélé des vestiges témoignant d’une architecture monumentale, indiquant qu’Amyan était un des centres importants de la plaine, relais des différents pouvoirs qui s’y sont succédé depuis le IIIe millénaire jusqu’aux rois néo-assyriens qui ont contrôlé la région depuis leur capitale de Ninive, à une cinquantaine de kilomètres d’Amyan.

Une histoire au cœur des grands royaumes de Mésopotamie

Depuis le début du Bronze ancien, la région d’Amyan et la plaine de Navkur témoignent d’une occupation de plus en plus importante. En effet, le territoire autour d’Amyan a été intégré à de nombreux royaumes et empires qui se sont affrontés pour le contrôle des plaines fertiles de Haute Mésopotamie, depuis les rois akkadiens (2350-2150 av. J.-C.), jusqu’aux rois néo-assyriens dont le cœur de l’empire se trouvait autour de Ninive (900-600 av. J.-C.), en passant par le puissant royaume hourrite du Mitanni qui a contrôlé tout le nord de la Mésopotamie au milieu du IIe millénaire (1600-1300 av. J.-C.).

Un environnement riche au sein d'une plaine fertile

La plaine de Navkur dans laquelle se trouve le site d’Amyan est une des nombreuses plaines qui bordent le Tigre en Haute Mésopotamie. Caractérisées par des sédiments extrêmement fertiles, elles reçoivent en moyenne entre 400 et 600 mm d’eau de pluie par an, permettant ainsi l’agriculture sèche. La plaine du Navkur est une des plaines les plus riches, traversée par une multitude de ruisseaux et des rivières dont la plus importante, al Khazir, se jette dans le Grand Zab. Au cours de son histoire, cette plaine a connu de nombreux aménagements destinés à mieux contrôler l’eau et les récoltes : des travaux de construction de canaux d’irrigation et de circulation ont ainsi essaimé dans le « triangle assyrien », accompagnés de la construction d’aqueducs et de quais.

La Mission archéologique d’Amyan

Constituée en 2019 avec l’accord de la Direction générale des Antiquités du Kurdistan (DGA), la Mission archéologique d’Amyan, dirigée par Barbara Couturaud, est composée de chercheurs et de doctorants kurdes, français et belges, issus de diverses institutions : Direction des antiquités d’Akre, université de Salahaddin-Erbil, université de Lille, CNRS et université de Liège. Elle bénéficie en outre du soutien de l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo), du Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France à Bagdad, de l’université de Liège et de l’université de Lille. Depuis 2020, la MAA est soutenue par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères après avis de la Commission des fouilles.