Archéologie à Barç (Korçë, Albanie)
Le site de hauteur de Barç a été mentionné pour la première fois dans la littérature en 1968 par l’archéologue albanaise Zh. Andrea. Il est installé à une altitude de 1 120 m, avec une position dominante dans le bassin de Korçë. La fouille archéologique en cours a pour but de définir la nature de son occupation humaine au cours de l’âge du Fer (IXe-VIIe s. av. J.-C.).
Le site de Barç est localisé à la périphérie sud-est du bassin de Korça, dans le Sud-Est de l’Albanie. Il se trouve à environ 1,7 km au nord-est de la ville de Korça, au sommet d’une colline située à la périphérie sud-est du village de Barç. Ce promontoire est l’une des premières collines de la chaine de montagne Morava qui s’élève immédiatement en bordure de la plaine.
Présentation
Dans les rares cas où des sondages ont été pratiqués, comme par exemple à Gradisht e Symizë, le matériel n’est que brièvement évoqué dans un rapport de fouille qui tient lieu de publication. C’est dans cette dynamique et afin de tester les hypothèses tout en répondant plus précisément à ces questions que nous avons décidé d’orienter notre nouveau programme archéologique vers les sites de hauteur et en particulier, dans un premier temps, celui de Barç. Il n’est en effet pas question de s’engager sur un projet au long cours mais de répondre à des questions précises liées aux habitats de hauteurs versus les habitats de la plaine.
Les sites de hauteur n’ont pas été explorés aussi systématiquement que ceux de la plaine et par conséquent, il sont mal connus. Seuls les vestiges de murs ou amas de pierres identifiés comme vestiges architecturaux, certes remarquables, ont été signalés mais jamais étudiés. De fait, les datations relatives reposent sur les murs en pierres sèches et la céramique de surface mais ces vestiges n'ont jamais fait l’objet d’un examen systématique et encore moins d'une publication.
Aborder la nature originale de ces sites semble primordial dans la mesure où il s’est avéré que certains comportaient des indices de contextes funéraires : tumuli identifiés à Barç et à Boboshtica. Tous les sites de hauteur n’ont donc pas un caractère défensif, comme cela a été jusqu’à maintenant évoqué dans la littérature, pas plus qu’il n’ont de caractère funéraire systématique. Le programme consistera à explorer le plus largement possible le site de Barç, situé à 1100 mètres d’altitude, et à obtenir un plan du gisement le plus complet possible dans le but d’identifier des structures d’habitat ou de fortification.
Programme archéologique
Les deux premières campagnes de fouilles à Barç en 2022 et 2023 ont permis d’obtenir des indices probants sur le caractère désormais non funéraire du tertre artificiel situé sur le sommet sud du site.
La structure, matérialisée par deux murs dont l’un mesure plus d’1 m de large, témoigne de la présence d’un bâtiment de forme quadrangulaire assez massif, à caractère peut-être défensif, comme par exemple une tour implantée sur le point dominant à l’entrée du site. Compte tenu de sa localisation, cette superstructure aurait pu jouer un rôle important (tour de garde ou de guet), car le sommet de la colline représente déjà un point de surveillance de la plaine dont on voit toute la partie nord, en particulier. La céramique récoltée évoque une occupation pendant au moins deux phases chronologiques, l’âge du Fer et la période hellénistique. Cependant, la prédominance de la céramique de l’âge du Fer, en particulier dans des niveaux d’abandon et/ou de destruction, indique plus vraisemblablement une occupation à cette période. Si tel est le cas, le site de Barç deviendrait la première attestation connue d’une telle structure de l'âge du Fer, non seulement pour le bassin de Korça mais pour l’ensemble du territoire albanais. Les seuls sites de hauteur connus jusqu’à présent pour cette période ont livré des murs d’enceinte en pierres sèches. Dans ce contexte, l’exploration du site offre des perspectives pour l’étude de la dynamique du développement de l’habitat à l’âge du Fer et pour une définition chronologique plus nette des premières installations des populations protohistoriques sur les collines autour du bassin de Korça. Cela reste encore un sujet peu étudié, car les sites de hauteur demeurent bien moins explorés que les sites de plaine.
Perspectives
La campagne 2024 consistera à achever la fouille des niveaux de démolition afin de dégager en plan l’ensemble des infrastructures ainsi que leurs différents niveaux de sol/circulation et démolition, et enfin abandon. Ceci permettra de définir plus précisément l’espace bâti, d’affiner la chronologie de l’occupation et de proposer des hypothèses sur la fonction du site.
À l’est et au nord, des interruptions linéaires du substrat rocheux associées à des alignements de blocs laissent présager la présence d’autres murs. Il s’agira également de réaliser ponctuellement des sondages manuels afin de caractériser ces éventuelles constructions et d’en évaluer la puissance stratigraphique.