Apollonia-Susa
D’abord simple port de Cyrène, Apollonia s’est affranchie de sa tutelle à la fin de la période hellénistique pour devenir l’une des cinq cités de la Cyrénaïque antique. Fouillé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le site fait l’objet des recherches de la Mission archéologique française de Libye depuis 1976.
La mission a longtemps étudié les thermes, les remparts et surtout le port, grâce à des fouilles sous-marines dès 1986. Depuis 2002, les recherches se sont concentrées sur la zone rocheuse dite de « Callicrateia », qui tire son nom d’une inscription grecque sur un autel rupestre, située entre la ville basse et l’acropole.
La zone de Callicrateia
Un ensemble de 19 autels rupestres a été mis au jour, ainsi qu’un abondant mobilier cultuel des IVe et IIIe siècles av. J.-C., confortant l’hypothèse d’une vaste zone cultuelle à cette époque. Un édifice partiellement troglodytique a également été révélé, composé de trois salles contiguës (fin du IIe siècle - début du Ier siècle avant J.-C.), auxquelles on attribue une probable fonction votive ou sacrificielle. Le bas du rocher révèle quant à lui une terrasse remontant aux débuts du règne d’Auguste qui devait supporter un édifice, tandis que la partie nord comporte un bâtiment utilitaire de la fin du Ier siècle ap. J.-C. Une maison d’époque byzantine occupe le flanc du rocher, tandis que des niveaux d’occupation byzantine, arabe et italienne sont richement attestés sur la partie ouest.
L’ensemble des recherches indiquent que le site a été partiellement abandonné au VIIe siècle de notre ère, avec néanmoins quelques traces d’occupation jusqu’à la conquête arabe.
Sauvegarde, restauration et poursuite des recherches
Face à l’érosion marine (un tiers de la ville antique est déjà immergé) ou la pression immobilière qui pèse sur la nécropole occidentale, les fouilles de sauvegarde sont devenues une priorité. En 2012, des fouilles préventives et des travaux de restauration ont permis de mettre au jour plusieurs ensembles inédits : trois hypogées et une vingtaine de tombes rectangulaires dans la nécropole, plusieurs parterres de mosaïques, etc. Depuis l’interruption des fouilles, de nombreuses études du mobilier archéologique sont en cours, notamment le projet IGCyr qui vise à constituer un corpus des inscriptions grecques de Cyrénaïque avec Catherine Dobias et Hugues Berthelot.
L’équipe de recherche
La Mission archéologique française de Libye a été fondée en 1976 par François Chamoux, et reprise en 1981 par André Laronde. En 2011, suite à son décès, c’est Vincent Michel qui en prend la tête. Initialement tournée vers la période gréco-romaine (également à Leptis Magna), elle a constamment élargi son champ de recherches vers l’Antiquité Tardive (Érythron-Latrun) ou encore la Préhistoire (Abou Tamsa). Dans un contexte sécuritaire complexe, elle se concentre aujourd’hui sur le renforcement de la coopération franco-libyenne (formations en archéologie, en archéométrie et en restauration) et sur les travaux de post-fouille.
Soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles, la mission œuvre pour la lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels, qui est l'une des priorités du ministère de la Culture.
En savoir plus :
- La page du Centre de recherche sur la Libye antique
- La Mission sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères