Apollonia du Pont
Fondée en 610 av. J.-C. par des colons venus de Milet, Apollonia du Pont s’impose vite comme une des principales cités grecques de mer Noire. Elle rayonne dans la zone pontique entre le VIe et le IVe siècle av. J.-C. Par son exemple, Apollonia nous permet de suivre l’aventure coloniale grecque aux marges de l’oikouméné où nait au contact de populations variées une nouvelle Grande Grèce.
Dans le sillon des premières fouilles scientifiques réalisées en 1904 par le consul français A. Degrand, la mission a pour objectif de mener une étude globale de la cité. Ses travaux se sont intéressés à la nécropole littorale de Kalfata (2002-2004), puis à son espace urbain où la Mission intervient depuis 2008 ponctuellement aux côtés du musée archéologique de Sozopol. Depuis 2010, elle concentre ses efforts sur le territoire rural et les tumuli aristocratiques qui le parsèment où elle met en œuvre les dernières avancées technologiques qui permettent désormais de reconstituer les paysages que l’observateur antique pouvait contempler depuis les portes de la cité. Parallèlement, la Mission mène un programme d’analyses archéométriques consacré aux ateliers de céramique et métallurgiques. Elle œuvre enfin activement à la restauration et la conservation des sites et du patrimoine archéologique afin de permettre leur accès au public.
Survol historique de l’histoire de la cité
Fondée en 610 av. J.-C. par des colons venus de Milet, Apollonia du Pont s’impose vite comme une des principales cités grecques de mer Noire. Patrie du philosophe Anaximandre, la ville entoure le sanctuaire d’Apollon Iétros (le Médecin) qui accueille les navigateurs en route vers les établissements grecs de Scythie. La colonie jouit d’un emplacement incontournable sur les voies maritimes, au débouché de la Plaine supérieure de Thrace. Elle doit néanmoins sa prospérité aux riches mines de cuivre qui parsèment la chaîne voisine du Medni Rid. Cette ressource favorise le développement d’une communauté spécialisée dans la métallurgie dont les ateliers marquent de leur empreinte l’espace urbain. Leur dynamisme se traduit par l’érection au siècle suivant de la célèbre statue en bronze d’Apollon, réalisée par le sculpteur athénien Calamis.
La conquête d’un territoire agricole au Ve s. av. J.-C. s’ajoute à la consolidation de l’arrière-pays thrace sous la houlette du royaume odryse. Ce processus engage une diversification des activités économiques qui accompagne l’apparition d’une agriculture spéculative basée sur de larges exploitations rurales, elles-mêmes encouragées par la demande croissante émanant du monde égéen. Parallèlement, l’essor des ateliers de potiers voit la production locale de céramique fine, commune et culinaire, structurer les marchés du littoral ouest-pontique. Cependant, Apollonia doit affronter au début de l’époque hellénistique des temps plus incertains, marqués par la rivalité des successeurs d’Alexandre et la pression toujours plus grande exercée par des pouvoirs locaux désormais fragmentés. Cette période s’achève au terme des guerres mithridatiques par l’intégration violente de la cité dans la sphère romaine. Dotée à un nouveau d’un large territoire, elle recouvre progressivement une certaine prospérité et entre dans le monde médiéval byzantin non sans avoir abandonné son nom par trop païen pour celui de Sozopolis, la ville du Christ sauveur.
Historique de la mission
La mission archéologique française à Apollonia du Pont a été fondée en 2002 dans le cadre d’un partenariat établi entre l’Université d’Aix-Marseille (centre Camille Jullian, UMR 7299, dir. A. Hermary, dir. adj. A. Baralis et A. Riapov) et l’Institut national d’Archéologie et Musée de Sofia (Académie bulgare des Sciences, dir. K. Panayotova). Après trois années de recherche sur la nécropole classique et hellénistique de Kalfata, la mission a repris ses travaux en 2008 dans l’espace urbain avant d’entreprendre en 2010 l’étude du territoire rural. Basée à l’Institut français d’Études anatoliennes d’Istanbul (2007-2008, IFEA, USR 3131), puis au centre Camille Jullian dans le cadre du programme de l’Agence nationale de la Recherche « Pont-Euxin » (2010-2014), la mission a intégré en 2014 le musée du Louvre (département des antiquités grecques, étrusques et romaines) où elle constitue, aux côtés de la mission archéologique franco-roumaine à Orgamè (Roumanie), un des piliers du programme de recherche sur la mer Noire. L’équipe de direction (A. Baralis, K. Panayotova, D. Nedev) s’est vue renforcée par la venue de trois jeunes chercheurs français et bulgares (M. Bastide, T. Bogdanova, M. Damyanov).
Axes de recherche
1. Organisation urbaine, zones artisanales et ateliers de production
Fondée sur une étroite péninsule, face à l’île de St Cyriaque, siège du sanctuaire d’Apollon, la cité doit composer avec une géographie complexe qui conditionne son développement urbain. Si la cité est l’objet depuis 1992 de fouilles de sauvetage, la trame de son organisation urbaine demeure encore méconnue, tandis que rares sont les espaces ou les édifices publics mis au jour. Leur articulation avec les zones artisanales et les ateliers de production s’avère de même particulièrement difficile à saisir au sein d’une colonie qui semble pourtant avoir joué un rôle particulier dans la structuration des marchés régionaux. Depuis 2008, la mission intervient ponctuellement aux côtés du Musée archéologique de Sozopol et contribue à l’étude du réseau urbain. Parallèlement, en partenariat avec le laboratoire Arar (MOM, Lyon), et de nombreuses institutions régionales, la Mission a engagé un important programme d’analyses archéométriques qui porte à la fois sur le mobilier découvert à Apollonia, ainsi que dans les autres cités de l’ouest et du nord de la mer Noire. Son objectif est d’éclairer la chronologie qui entoure la diffusion des ateliers dans le monde colonial pontique et appréhender l’importance dévolue à Apollonia dans l’articulation des réseaux d’échange et des marchés, tant en Thrace que dans l’ouest de l’espace pontique.
2. Le territoire poliade
Depuis 2010, la mission a entrepris l’étude du territoire d’Apollonia, apportant les premières données disponibles sur l’organisation de l’espace rural d’une cité grecque fondée sur l’actuel littoral bulgare. Ces travaux, qui contribuent au renouvellement de la carte archéologique régionale, reposent sur le croisement de plusieurs techniques pour lesquelles la mission a parfois été pionnière (Lidar depuis 2010). Outre la découverte des premières traces de parcellaires (secteur de Mapité), la Mission a réalisé ces dernières années la fouilles de 5 sites (Messarité 2, 4, 6 et 20 ; Sveta Marina 1) et de nombreuses campagnes de prospection, aboutissant au recensement de plus de 300 terrasses agricoles.
3. Les tumuli, marqueur de l’aristocratie apolloniate
Les tertres funéraires, qui ponctuent le paysage rural d’Apollonia, ont été au cœur des premières fouilles menées en 1904 par le consul A. Degrand sur un financement de la fondation Piot (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres). Le mobilier découvert constitue le noyau des collections provenant de la cité conservées au musée du Louvre et à l’Institut national d’Archéologie et Musée de Sofia. Depuis 2017, la mission a repris l’étude de ces contextes archéologiques, marqueurs de l’organisation sociale de la cité, afin de recontextualiser les découvertes anciennes et tenter de cerner les oscillations qui animent la vie politique d’Apollonia durant les Ve et IVe s. av. J.-C. où les anciennes familles aristocratiques s’opposent aux partisans d’un régime démocratique.
4. Pratiques rituelles et espace funéraire
Après avoir mené de 2002 à 2004 la fouille d’un secteur de la nécropole littorale de Kalfata, la Mission s’est engagé avec ses partenaires dans la publication sous format monographique des fouilles restées jusqu’ici inédites. Cette démarche comprend l’analyse des archives sédimentaires et du matériel paléozoologique demeurés en souffrance, ainsi que la restauration et l’enregistrement du mobilier (étude, dessin, photographie). Parallèlement, la Mission a lancé un programme d’étude pluridisciplinaire des contextes rituels, tels que les foyers rituels qui ponctuent à Apollonia, comme dans le monde grec, les espaces funéraires. Cette recherche, inscrite dans une archéologie du geste, repose sur l’élaboration d’un protocole spécifique de fouilles et d’analyse qui apportent un nouvel éclairage sur la nature des offrandes et la chaîne opératoire.
Acquis de la recherche
1. Organisation urbaine, zones artisanales et ateliers de production
1.1. La parcelle cadastrale UPI XI-XII 515.
La mission a été invitée en 2008 en tant qu’expert aux côtés du Musée régional d’histoire de Bourgas et du Musée de Sozopol lors des fouilles de sauvetage de cette parcelle de 120 m² située au cœur de la ville de Sozopol. Ces travaux ont permis la découverte d’un segment de la fortification protobyzantine et d’un four liée à sa construction, de trois édifices classiques (Ve-IVe s. J.-C.) et hellénistique (III-IIe s. av. J.-C.) articulés autour d’une cour centrale et de deux puits, et d’un ensemble de fosses archaïques qui éclairent le faciès céramique d’Apollonia et certaines de ses productions artisanales depuis les premiers temps de sa fondation.
1.2. La zone artisanale
La mission est intervenue en 2012 et 2019 sur la zone artisanale qui se développe aux VIe et Ve s. av. J.-C. aux portes de la ville. Ces travaux ont mis au jour, sur la nécropole des premiers colons, un des plus anciens fours métallurgiques connus à Apollonia, apportant un éclairage précieux sur les techniques qui entourent le dernier stade de traitement du minerai. Ils ont également permis de saisir les évolutions qui affectent à l’époque classique cette zone où se développent désormais des ateliers de potiers, tout en dévoilant les structures fragiles, édifiées en terre-crue, qui abritaient les artisans. Au lendemain d’une extension de l’espace urbain et d’une requalification des secteurs portuaires, cet espace change de fonction et accueille autel sacrificiel et édifices publics avant d’être placé de nouveau à l’époque médiévale à l’extérieur des remparts. Se développe alors autour de l’église de Saint-Nicolas une des plus importantes nécropoles médiobyzantines.
1.3. Le programme d’analyses archéométriques
En partenariat avec le laboratoire Arar (MOM, Lyon) et l’ensemble des musées régionaux (Musées archéologiques de Sozopol, Debelt et de Nessebar, Musées régionaux d’histoire de Bourgas et Varna), la mission a engagé un important programme d’analyses archéométriques portant sur 273 échantillons, provenant de la cité et d’autres établissements de mer Noire. Les premiers résultats, publiés en 2015, révèlent la diffusion des premiers ateliers de production dans le monde colonial pontique dès le début du VIe s. av. J.-C., tout comme l’essor à l’époque classique d’une production de céramique fine à vernis noir et à figures rouges qui culmine au IVe s. av. J.-C. Parallèlement, Apollonia semble avoir été dès le VIe s. av. J.-C. un centre actif dans la production de pièces architectoniques en terre-cuite dont on retrouve la présence dans la zone sacrée d’Istros.
2. La nécropole littorale de Kalfata et les tumuli aristocratiques
2.1. La nécropole de Kalfata.- La fouille conjointe de 2002 à 2004 d’un secteur de la nécropole littorale de Kalfata a permis l’étude de 56 sépultures, auxquelles sont associés 35 dépôts et 11 foyers rituels, organisés autour de trois parcelles funéraires placées le long de la route. Les résultats de ces travaux ont été publiés sous forme monographique en 2010 dans la collection Bibliothèque d’Archéologie Méditerranéenne et Africaine n° 5.
2.2. Le tumulus de Garmitsa.- En prélude au lancement du programme de recherche sur les tumuli aristocratiques qui entourent la cité, la Mission a réalisé en 2012 la prospection géomagnétique et géophysique du tumulus de Garmitsa dont la silhouette domine l’ensemble de la région. D’un diamètre de 46,4 m pour une hauteur maximale de 7m, le tertre funéraire repose au nord-ouest de la cité. Les données obtenues éclairent la présence d’une tombe principale au centre du tumulus, accompagnée par trois structures périphériques.
2.3. La nécropole tumulaire de Mapité.- La Mission a réalisé en 2017 l’enregistrement d’un imposant tumulus, hélas pillé, découvert lors des prospections de surface dans le secteur de Mapité. Autour d’une ciste centrale, le tumulus comprenait un imposant mur de ceinture de 9,15 m de diamètre, composé de deux parements en appareil pseudo-isodome d’une épaisseur de 1,5 m, auquel se superpose un remplissage de moellons et de cailloutis accordant au tumulus un diamètre initial de 12,90 m.
Non loin de ce tombeau, la mission a réalisé la fouille d’une nécropole de 8 tumuli d’une dimension maximale de 11,10 x 7,07 m correspondant à des cénotaphes d’époque hellénistique dont l’attribution culturelle (grecque ? thrace ?) demeure incertaine.
2.4. Le tumulus de la parcelle cadastrale UPI 7547
Afin de saisir l’identité, à la fois sociale et ethnique, de ces individus qui bénéficient d’un traitement différencié par rapport à la masse des citoyens, la mission a mené en 2018 la fouille d’un tumulus disposé 2,7 km au sud-est de la cité, sur la péninsule de Kolokita. Il était disposé non loin des tertres fouillés en 1904 par le consul A. Degrand et dont une partie du mobilier est conservée au musée du Louvre. Ce tumulus constituait une des rares opportunités pour la mission d’étudier une structure funéraire monumentale intacte à laquelle nous pouvions appliquer l’approche pluridisciplinaire déployée par nos équipes. Après une prospection de la structure par géoradar, l’enlèvement de la couverture, d’une longueur de 16,10 m pour une largeur de 7,5 m, a dévoilé la présence d’un péribole funéraire de 7,78 x 6 m couvrant une superficie de 46,68 m². Ce dernier contenait deux cistes monumentales dont une des deux accueillait sur ses dalles de couverture un lit funéraire sur lequel reposait un troisième défunt, tandis qu’une dernière ciste était installée à l’extérieur, immédiatement au sud de la structure. Quatre foyers et deux dépôts rituels accompagnaient les quatre défunts. L’ensemble des contextes a fait l’objet d’analyses pluridisciplinaires, éclairant les rites funéraires liés à l’aristocratie apolloniate vers le milieu du IVe s. av. J.-C.
3. L’organisation du territoire rural
3.1. La carte archéologique
La mission a procédé au renouvellement de la carte archéologique régionale par une couverture Lidar de plusieurs secteurs-clé du territoire, doublée de prospections de terrain. Outre le développement d’un environnement GIS, l’atelier de cartographie de l’IFEA (P. Lebouteiller) a développé un support numérique en trois dimensions intégrant les données DTM. Ces travaux ont permis le recensement de 300 terrasses agricoles, d’une cinquantaine d’édifices ruraux et d’un parcellaire agricole, esquissant la trame du paysage rural autour d’Apollonia. Une équipe mixte du Cerege et du laboratoire Ecolab (dir. Ch. Morhange et D. Kaniewski, Universités d’Aix-Marseille et Toulouse 3) a réalisé par ailleurs plusieurs carottages qui ont servi de support à une étude géomorphologique et palynologique de la région, affinant notre connaissance de la topographie ancienne de la cité et des zones littorales.
3.2. Les édifices ruraux de Sveta Marina et Messarité
Quatre édifices ruraux (Sveta Marina 1, Messarité 2, 6 et 20) ont été fouillés de 2011 à 2014, auquel s’ajoute à Messarité 4 un imposant complexe rural, exploré de 2011 à 2021 sur plus de 3000 m². Ce dernier associe, autour d’un segment de la voie antique, quatre édifices dont le plus ancien bâtiment à tours de mer Noire, auxquels succède à l’époque hellénistique un segment de la nécropole méridionale puis une structure défensive qui matérialise le contexte incertain auquel la cité est désormais confrontée.
Programme de recherche 2022-2023
1. Les tumuli aristocratiques, marqueurs de la société apolloniate
Dans la continuité de l’axe de recherche engagé en 2017 sur les tertres funéraires qui parsèment le territoire d’Apollonia, la Mission couvrira par prospections géophysiques plusieurs ensembles tumulaires autour de la cité avant d’entreprendre la fouille d’un d’entre eux (Tumbatero Kashla) afin de préciser la chronologie qui entoure l’essor de ces grands tertres et renouveler les connaissances acquises lors des premières fouilles réalisées au début du XXe s.
2. Le territoire poliade. Marges et confins, entre institutions poliades et pouvoirs thraces
La découverte en 2015 de la forteresse grecque de Cherveno Znamé fixe désormais les frontières du territoire d’Apollonia à l’époque classique dans un secteur où se développent les mines archaïques de la cité. Ces dernières sont alors curieusement disposées sous le contrôle d’établissements thraces fortifiés de hauteur. Afin de déterminer la fonction de ces sites, la mission a ouvert en 2021 un nouveau chantier sur l’établissement de Malkoto Kale, situé à une douzaine de km au sud-ouest d’Apollonia. Le site fortifié occupe un de sommets à l’extrémité méridionale de la chaîne du Medni Rid. Outre l’exploration des deux terrasses, les travaux s’intéresseront également aux zones funéraires périphériques. Il s’agira de clarifier le statut et la fonction de ce site, en cernant son organisation interne et en précisant les activités économiques qu’il a pu abriter, avant et après sa conquête par la cité.
3. Organisation urbaine, zones artisanales et ateliers de production : le programme d’analyses archéométriques
Avant d’envisager une seconde publication des résultats acquis, la mission souhaite poursuivre l’analyse des 200 échantillons dont elle dispose encore, lesquels couvrent plusieurs catégories clés, comme la céramique à figures noires ou les éléments en terre cuite architecturaux. Parallèlement, nous tenterons de saisir la diffusion des productions d’Apollonia, à la fois dans le nord de la mer Noire et l’intérieur de la Thrace, notamment en rapport avec les places de commerce qui émergent sous la houlette des souverains odryses. Il conviendra au préalable de renforcer les échantillons provenant de ces divers sites. Dans cette perspective, de nouvelles catégories seront abordées, comme les figurines en terre-cuite afin d’approcher le rôle joué par les ateliers locaux dans la diffusion de nouveaux modèles issus d’Attique et de Béotie.
Protection et conservation du patrimoine
La protection des sites fouillés par la mission et la conservation des vestiges en vue de leur valorisation et de leur ouverture au public, constitue une des priorités de la Mission. Dans un contexte local marqué par une forte pression immobilière induit par la fréquentation touristique du littoral bulgare, cette action revêt une importance particulière. Elle constitue par ailleurs une contribution concrète en faveur de la protection du patrimoine.
En ce sens, le classement en 2019 par le Ministère de la culture de la République de Bulgarie des sites de Messarité et Sveta Marina, suite aux démarches entreprises par la Mission, a permis de lancer une étude préliminaire pour leur conservation qui a été approuvée et validée par le Ministère. Un important chantier a été lancé en septembre 2021 sur le site de Messarité 4 grâce à un mécénat alloué par la Fondation Leventis complété par une contribution de la Commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger et du musée du Louvre. Outre la sécurisation du périmètre et l’aménagement de ses abords, le projet prévoit la consolidation des structures antiques et le remplacement par des copies des pièces les plus fragiles (sarcophages en terre-cuite, pithoi…), avant la mise en place d’un parcours équipé d’un dispositif de médiation L’achèvement des travaux est prévu pour le printemps 2022 pour une inauguration le 24 juin. Parallèlement, des démarches ont été entreprises afin de poursuivre en 2023 ces efforts sur le site voisin de Sveta Marina 1.
Ces deux chantiers doivent servir de base au développement, en partenariat avec le Ministère bulgare de la culture et la Municipalité de Sozopol, d’un itinéraire touristique et patrimonial adossé au Musée archéologique local qui inclura les sites les plus remarquables situés dans la cité ou à ses abords. La Mission a par ailleurs, servi d’expert de 2020 à 2021 pour l’élaboration du projet de Musée national sur l’île de St Cyriaque aux côtés du Ministère bulgare de la culture et de l’Agence France-Museum, contribuant ainsi directement à la collaboration culturelle et scientifique entre nos deux pays.
Expositions et valorisation des résultats
Après avoir participé à plusieurs évènements organisés en 2015 et 2017 en Bulgarie, une double exposition s’est tenue au musée archéologique de Sozopol (28 juin- 20 octobre 2018) et au musée régional d’histoire de Sofia (13 décembre 2018-15 mars 2019) dans le cadre de la saison croisée organisée par le musée du Louvre et le ministère bulgare de la Culture. Elle a réuni 584 œuvres provenant du musée du Louvre, du musée archéologique de Sozopol, du musée national d’Archéologie et du musée national d’Histoire de Sofia. Le catalogue Apollonia du Pont, sur les pas des archéologues, A. Baralis, D. Nedev et K. Panayotova éd., Sofia, 2019, 524 p.) a été édité en deux langues, française et bulgare.
Par ailleurs, un colloque international a été co-organisé en 2021 par le Centre Camille Julian (UMR 7299, CNRS - Aix-Marseille Université) et le musée du Louvre, sur les activités halieutiques en mer Noire (MMSH), les 3 et 4 juin 2021. Il sera suivi les 25-27 juin 2022 par un nouveau colloque sur la cité d’Apollonia, mené en partenariat avec l’Institut national d’archéologie et Musée de Sofia (Académie bulgare des Sciences) et le Musée archéologique de Sozopol à l’occasion des 20 ans de la Mission et des 100 ans des premières fouilles bulgares. Les actes seront publiés en 2023.
Partenariats institutionnels et scientifiques
La Mission bénéficie depuis 2010 du soutien de la Commission consultative des recherches archéologiques à étranger du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. Elle déploie sur le terrain ses travaux dans le cadre d’une double coopération établie avec l’Institut national d’Archéologie et Musée de Sofia (Académie bulgare des Sciences) et le musée archéologique de Sozopol. Elle œuvre avec le soutien du ministère bulgare de la Culture, de l’ambassade et l’Institut français de Sofia. Ses recherches sont menées du côté français en partenariat étroit avec le centre Camille Jullian (UMR 7299, CNRS-Université d’Aix-Marseille) et l’Institut français d’Études anatoliennes. La mission associe par ailleurs dans ses équipes de nombreux chercheurs, doctorants et post-doctorants, issus de 20 centres de recherche et universités, parmi lesquels l’Ecole française d’Athènes, l’Institut d’Études sud-est européennes (Académie roumaine), l’Université Saint-Clément d’Ochrid, le laboratoire ArAr (MOM) ou le Muséum royal d’histoire naturelle de Belgique.
Distinctions
La mission a reçu en 2004 le prix Clio, puis en 2015-2016, en 2020-2021 et en 2022-2023 le label Archéologie de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Elle a également été distinguée en 2015 par le ministère bulgare de la Culture, en 2017 par le Président de la République de Bulgarie, et en 2019 par la commission des Affaires culturelles du Parlement bulgare.
Alexandre Baralis, archéologue, responsable du programme de recherche sur la mer Noire, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre.
Krastina Panayotova, chercheur-docent, Institut national d’Archéologie et Musée, Académie bulgare des Sciences.
Dimitar Nedev, directeur, Institut muséal municipal de Sozopol.
Pour en savoir plus :
Diffusion grand public
- A. Baralis, K. Panayotova, D. Nedev (éds.), Apollonia du Pont, sur les pas des archéologues, Collections sur Louvre et des musées de Bulgarie, Sofia, 2019, 524 p.
- A. Baralis, K. Panayotova, « Les colonies grecques aux marges de la thrace. Le territoire d’Apollonia », Dossiers d’archéologie 368 (mars-avril 2015), p. 78-83.
- A. Baralis, « Les découvertes de la mission archéologique Franco-bulgare à Apollonia du pont », Grande Galerie 31 (mars-avril-mai 2015), p. 78.
- A. Baralis, « Les colonies grecques de mer noire. Missions archéologiques en Bulgarie et en Roumanie », Grande Galerie (hors-série) mai 2017, p. 80-89.
- A. Baralis, « La destinée de Sozopol », Grande Galerie 44 (2018), p. 92-95.
La mission a fait par ailleurs l’objet en 2019 d’un reportage diffusé sur Arte dans la série Invitation au voyage.