Arménie - Il y a 8000 ans

Aknashen-Khaturnakh

Les recherches archéologiques sur le site d’Aknashen témoignent d’une longue occupation néolithique, de 6000 à 5400 av. J.-C. La bonne conservation des vestiges a permis d’obtenir une vision détaillée des modes de vies de ces premières communautés sédentaires de la plaine de l’Ararat.

Vue sur l’Ararat depuis le site d’Aknashen. © Mission Archéologie Caucase

Afin d’obtenir les données nécessaires à l’observation du processus de Néolithisation sur le site d’Aknashen, notre mission repose depuis l’origine (2004) sur une équipe internationale et interdisciplinaire composée d’archéologues, bioarchéologues, géoarchéologues et paléoenvironnementalistes.

Le site néolithique d'Aknashen

Aknashen est un petit site circulaire de 100 m de diamètre environ (0,8 hectares) localisé au sud-ouest d’Erevan, dans la plaine de l’Ararat (province d’Armavir). Il s’élève à 3 m au-dessus du niveau de la plaine, mais les occupations les plus anciennes (horizons VII et VI) sont situées sous ce niveau. Quatre sites néolithiques (Aratashen, Aknashen, Masis Blur, Tsaghkunk) seulement ont été identifiés en Arménie, ils se situent tous dans la plaine de l’Ararat. Cette rareté des sites arméniens, qui diffère de la densité des établissements du Néolithique récent dans la vallée de Kura (Géorgie et Azerbaidjan), est clairement le résultat de siècles d’anthropisation du paysage dans la plaine de l'Ararat et de la destruction de nombreuses collines archéologiques (Blur en Arménien). À ce jour, l'établissement d'Aknashen est le site néolithique récent le mieux conservé d’Arménie et l'objet de fouilles pluridisciplinaires depuis plus de 15 ans.

La culture Aratashen-Shulaveri-Shomutepe

L’essentiel de l’occupation (Horizons VII-II) d’Aknashen appartient au Néolithique récent, à la culture dite d’Aratashen-Shulaveri-Shomutepe, qui selon les dates 14C, s’étend entre ca. 6000 et 5400/5300 av. J.-C. Nos recherches ont permis de mettre au jour sur une large superficie l’organisation villageoise de cette occupation. Plusieurs habitations de plan circulaire avec un diamètre intérieur d’environ 4 à 5 m, construites avec la technique de la bauge (empilement de terre crue mélangée avec de la paille), ont été fouillées. Elles ont livré in situ de nombreux aménagements (structures de combustions, souvent constituées par des cavités tapissées de galets, silos, fosses), de traces de feu et d’activités de production sous forme de concentrations d’artefacts variés. Des restes de faune et de flore ont pu systématiquement être collectés nous permettant de reconstituer le régime alimentaire de ces communautés nouvellement sédentarisées. L’agriculture (principalement blé et orge) et l’élevage (les ovins et les caprins représentent environ 90 % du cheptel) sont parfaitement maitrisés. La céramique, représentée dans les niveaux inférieurs par quelques tessons peints importés du nord de la Mésopotamie, se développe localement à partir de l’horizon V. Les industries sur obsidienne et sur os sont très riches tant par leur qualité que par leur quantité.

Les premiers temps de la néolithisation

En 2015, a été mise en évidence pour la première fois en Arménie une couche culturelle (Horizon VII) datée entre ca. 6000 et 5850 av. J.-C. Cet horizon VII présente une occasion exceptionnelle de recueillir des données inédites sur les tous premiers temps de la néolithisation, période qui reste à l’heure actuelle encore très mal connue.

En outre, la fouille de ce niveau profond a également permis de mettre en évidence que le site avait été installé ex-nihilo, sur les sédiments asséchés d’un lac, le sol vierge correspondant à une couche d’argiles bleues.

 

En savoir plus

Projet soutenu par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles.