Hadda
Hadda est pour ceux qu’y s’intéressent à l’art du Gandhara un site de référence par la qualité et la quantité des sculptures qui y furent découvertes mais c’est aussi une étape fondamentale dans l’histoire du bouddhisme afghan et sa maturation intellectuelle.
Un réseau de monastères bouddhiques
Les différents sites d’Hadda se trouvent à quelques kilomètres à l’est et au sud de Jalalabad, capitale de la province du Nangahar, dont la fortune et l’importance stratégique vient du fait qu’elle contrôle la principale route permettant d’atteindre l’Inde par la Khyber pass.
Il s’agit d’un ensemble de monastères bouddhiques, s’étendant sur 4 à 5 km2. Cette zone a été partiellement explorée par la DAFA à partir de 1926-1927 par Jules Barthoux, puis dans les années 1970 par l’Institut Afghan d’archéologie, et en particulier par Zemaryalaï Tarzi.
Des centaines de statues en pierre ou en terre crue y ont été trouvées et constituaient un des plus grand ensemble d’art bouddhique des premiers siècles apr. J.-C. Une bonne partie d’entre elles se trouvent au Musée Guimet et au Musée National à Kaboul, où malheureusement elles ont été en grande partie détruites par les incendies qui ont touché ce bâtiment ainsi que lors des campagnes iconoclastes orchestrées par les Talibans.
Entre influences indo-bouddhistes et classiques
Le complexe bouddhique de Hadda a joué un rôle important, aussi bien dans la définition des principaux dogmes du bouddhisme que dans la maturation et l’évolution de l’art du Gandhara. Il semble qu’il offre, cependant, une modalité particulière si l’on en juge par l’importance des éléments gréco-romains qu’on y retrouve.
On y observe ainsi des représentations de personnages appartenant au monde indo-bouddhiste comme Vajrapani, protecteur de Bouddha puis symbole de la force du bouddhisme, dont le type iconographique est typiquement grec, au point qu’on puisse y voir une représentation d’Héraclès. Les descriptions des lieux qu’en donne, au VIIe siècle apr. J.-C., le pèlerin bouddhiste Xuan Zang, permettent d’établir que des milliers de moines y résidaient, répartis dans une centaine de monastères.
La recherche archéologique à Hadda
Aujourd’hui, nos collègues afghans continuent les recherches sur les sites de Hadda, qui sont menacés aussi bien par les pillages que par l’érosion. Le contexte sécuritaire rend, toutefois, très complexes les interventions de terrain dans ce secteur qui a, déjà dès les années 1920, la réputation d’être une terre de recrutement et de prosélytisme pour les intégristes islamistes. Les collections d’Hadda conservées au Musée national à Kaboul ont d’ailleurs été les principales victimes des campagnes de destruction menées par les talibans en 2000 et 2001.