Aï Khanoum
Au confluent de la Kotchka et de l’Amou Darya, au nord de l’Afghanistan dans la province de Takhar, le site d’Aï Khanoum (La princesse Lune) a été occupé par un important centre-urbain de la fin du IVe siècle au milieu du IIe siècle av. J.-C. La ville haute (l’Arg) domine un vaste espace limité par les berges des deux cours d’eau et un puissant rempart de terre. C’est là qu’ont été dégagés les restes d’ une ville fondée par des colons grecs.
Découverte et fouilles
Le site fut une première fois identifié par Jules Barthoux en 1925, comme recelant des occupations anciennes. Ce n’est pourtant qu’en 1963 qu’il fut signalé à Daniel Schlumberger comme étant probablement un site « grec ».
Dès 1964 une première campagne de fouille y fut entreprise et, au vu des résultats, poursuivie en 1965 puis sur un rythme annuel jusqu’en 1978. L’invasion soviétique en 1979 marque l’interruption de l’exploration de ce qui, jusqu’aujourd’hui, est considéré comme le site le plus représentatif de la présence grecque en Afghanistan.
Cette découverte venait, également, récompenser les efforts entrepris par la DAFA, depuis sa création en 1922, pour donner une réalité matérielle à l’épopée d’Alexandre et de ses successeurs en Afghanistan. L’étude menée par Paul Bernard, le successeur à la direction de la DAFA de Daniel Schlumberger, se poursuit aujourd’hui et a déjà donné lieu à de nombreuses publications ou monographies thématiques.
Une ville fondée par Séleucos Ier
La ville basse et ses remparts ont été particulièrement bien explorés. On peut dater le début de la mise en place du programme urbanistique et architectural par les « grecs » des dernières années du IVe siècle av. J.-C. Il ne s’agit donc pas d’une fondation attribuable à Alexandre lui-même mais plus probablement de Séleucos Ier (305-281 av. J.-C.), le fondateur de l’empire et de la dynastie séleucide. On considère que la ville fut abandonnée au milieu du IIe siècle av. J.-C. et que le site ne fut pas l’objet de réoccupation importante ce qui explique son bon état de conservation.
Les bâtiments administratifs, l’arsenal, plusieurs temples et édifices à caractère votif ou religieux furent identifiés ainsi qu’un théâtre. Ils étaient protégés par un puissant rempart s’appuyant sur la ville haute, ou arg, et la berge de rive gauche de l’Amou Darya. La fouille fut l’occasion d’une importante collecte épigraphique avec en particulier la mise au jour de textes repris des maximes delphiques et de manuscrits attribués à un philosophe néo-platonicien Cléarque de Samos.
Un site en danger
Le site a considérablement souffert des pillages et des faits de guerre de 1982 à nos jours. En dépit des efforts de l’administration afghane actuelle sa protection est loin d’être assurée de façon satisfaisante.