Mégalithes du Morbihan
La construction de monuments mégalithiques est un phénomène que l’on retrouve un peu partout dans le monde à différentes époques. Le mégalithisme néolithique du Sud Morbihan est l’un des plus anciens et des plus riches par le nombre d’architectures, par les objets de prestige et l’art gravé qui leur sont associés.
Le temps long de la construction d’un paysage symbolique
Ces architectures de pierres et de terre se développent et évoluent au cours de la Préhistoire récente néolithique, durant plus de 2 000 ans, il y a 6 800 à 4 300 ans. Le territoire autour de Carnac, du golfe du Morbihan et de la baie de Quiberon concentre une très grande quantité de sites (près de 500) et une formidable diversité d’architectures, des plus ostentatoires aux plus discrètes.
Ces édifices à vocation funéraire et/ou symbolique témoignent de la volonté de marquer durablement le paysage par des constructions pérennes, mobilisant des pierres, certaines de très gros volumes, à une époque où les habitats restent en matériau périssable (terre, bois, torchis, chaume…).
Un savoir-faire et des objets de prestige témoignages d’une société très organisée
Ces monuments sont l’expression d’une société hiérarchisée capable de mobiliser ses membres pour conduire des projets architecturaux élaborés. Durant les phases les plus anciennes, les tombeaux mégalithiques sont destinés à quelques individus sélectionnés, parfois accompagnés de mobilier rare et précieux attestant de leur statut social particulier. Un art pariétal gravé composé de figures et signes codifiés et récurrents confirme la portée symbolique associée au mégalithisme local.
Un grand nombre de monuments
Les alignements de pierres dressées de Carnac, le dolmen de la Table des Marchands ou le cairn de Gavrinis sont les représentants les plus connus des mégalithes du Sud Morbihan. Ils sont les têtes de pont d’un de phénomène complexe et ramifié qui ne peut se comprendre qu’en considérant les particularités géographiques et physiques de ce territoire et son contexte culturel.
L’importance des mégalithes est telle qu’un bon nombre de monuments ont perduré jusqu’à aujourd’hui (malgré d’inévitables destructions) et ont été intégré à la vie locale jusqu’à devenir emblématiques de la Bretagne.
Les lieux pour le voir
Les monuments mégalithiques n’ont pas été conçus pour accueillir du public, a fortiori avec la forte fréquentation que connait aujourd’hui le Sud de la Bretagne. Ce sont pour certains des tombeaux aux accès étroits et pour tous des sites archéologiques et naturels bien plus fragiles qu’il n’y parait. Des précautions s’imposent donc et justifient que certains espaces intérieurs soient fermés ou que les ouvertures soient régulées. Il est essentiel de respecter ces dispositions pour assurer la préservation de ces architectures plurimillénaires afin que les générations futures puissent encore en profiter.
Pour autant, plusieurs monuments et équipements sont organisés pour être visitables et permettent d’avoir une vision complète du phénomène mégalithique des rives du Morbihan :
- Les Alignements de Carnac (propriété de l’État gérée par le Centre des Monuments nationaux) et son bâtiment d’accueil et d’interprétation : la Maison des Mégalithes. Une partie du site est accessible librement l’hiver et sur réservation et visite guidée d’avril à octobre. Un cheminement piéton en accès libre permet de longer pratiquement l’ensemble des 4 km sur lesquels se déploient les files de pierres dressées.
- Le musée de Carnac dans le centre bourg (Musée de France géré par la Ville de Carnac) permet de voir les objets issus de la fouille des monuments mégalithiques du territoire mais aussi l’archéologie locale de la Préhistoire ancienne à l’Antiquité, avec une médiation humaine dynamique à destination de tous les publics. Un nouveau musée verra le jour en 2027.
- Le site des mégalithes Table des Marchands, grand menhir brisé, tumulus d’Er Grah (propriété de l’État gérée par le Centre des Monuments nationaux) permet de voir trois monuments majeurs différents, témoignant de la diversité et du temps long du mégalithisme. Les gravures du dolmen de la Table des Marchands sont particulièrement remarquables.
- Le cairn de Gavrinis (Larmor-Baden, propriété du Département du Morbihan, géré par la Compagnie des Ports du Morbihan) est accessible par bateau sur réservation. Il se distingue par l’importance de son décor gravé qui couvre quasiment l’intégralité de l’intérieur du dolmen et de son couloir d’accès.
- Le cairn de petit-Mont (Arzon, propriété du Département du Morbihan, géré par la Compagnie des Ports du Morbihan) rassemble plusieurs dolmens et a la particularité d’avoir connu l’intégration d’un bunker au sein même du monument mégalithique durant la seconde guerre mondiale.
Beaucoup d’autres mégalithes parsèment le territoire et sont accessibles librement, au moins à l’extérieur. Certains appartiennent à l’État ou aux collectivités locales mais nécessitent parfois de passer par des terrains privés. Il est important de respecter les monuments, leurs abords, les cheminements et les clôtures pour que ces sites puissent rester visibles.
Vers une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco
Les recherches sur les mégalithes du Sud Morbihan ont mobilisé, de façon exemplaire, l’ensemble des acteurs de l’archéologie française :
- CNRS (Serge Cassen, Pierre Pétrequin)
- Service Régional d’Archéologie/DRAC Bretagne (Christine Boujot, Yves Menez)
- Universités de Rennes-1 (G. Querré) et de Nantes (Valentin Grimaud, LARA)
- Musées (Musée de Préhistoire de Carnac, musée d’Histoire et d’Archéologie de Vannes)
- Centre des Monuments nationaux (CMN) : les alignements de Carnac, les mégalithes de Locmariaquer
- Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap)
- Service départemental d’archéologie du Morbihan (SDAM)
- Chercheurs associés à l’UMR 6566, les prospecteurs (C. Obeltz, O. Celo)
- Sociétés savantes (Société Polymathique du Morbihan).
Leurs contributions constituent le fondement d’un dossier de demande d’inscription au Patrimoine mondial de l’Unesco, sous la présidence scientifique d’Yves Coppens. Cette candidature est portée par 27 communes, réunies dans l’association Paysages de Mégalithes.