La fouille de la tombe d'un soldat du 15e bataillon du Royal Scots Regiment sur la ZAC Actiparc d'Arras est une excellente illustration de l'implication personnelle très forte de l'archéologue face à ces histoires individuelles, lorsqu'il est confronté aux vestiges de la Grande Guerre. Ce soldat inhumé dans un trou d'obus en avril 1917 a pu être identifié grâce à sa plaque d'identité métallique qui portait le nom d'Archibald Mac Millan. Les autorités britanniques fournissaient à chaque combattant deux disques d'identification pressés dans une matière proche du cuir bouilli, mais qui résistaient mal à un séjour dans la terre. De très nombreux soldats se sont alors munis de plaques d'identité non réglementaires, réalisées dans du métal non oxydable, imitant souvent le modèle utilisé par l'armée française.

Après la fouille de la sépulture, le corps de Mac Millan fut remis aux autorités britanniques, pour qu'il soit ré-inhumé dans le cimetière militaire le plus proche. Le corps ayant pu être identifié, la Commonwealth War Graves Commission a entrepris des recherches pour déterminer s'il avait des descendants et a retrouvé... son fils. C'est donc un vieux monsieur de près de 87 ans qui assista en 2002 aux obsèques d'un père qu'il n'avait pratiquement pas connu.

On peut mesurer la portée que peut avoir le geste des archéologues, et imaginer les questions qu’ils se sont posées sur la « légitimité » de leur intervention dans ce domaine très sensible de notre mémoire collective.