Sites préhistoriques de Cyrénaïque
Depuis sa création, la Mission archéologique française de Libye a constamment enrichi son champ d’étude. Elle a notamment été la première, en 2006, à relancer les recherches préhistoriques en Cyrénaïque depuis les travaux de C. McBurbney (1940-1955), découvreur de la célèbre grotte d’Haua Fteah. Contrairement à d’autres régions nord-africaines mieux étudiées, les périodes préhistorique et protohistorique en Cyrénaïque sont très mal connues.
Parallèlement aux fouilles, qui se concentrent sur des lieux précis, les missions de prospection sont capitales car elles permettent de renseigner le modèle d’occupation de régions encore très peu explorées et de nourrir la carte archéologique du pays, élément essentiel pour comprendre l’histoire libyenne dans sa globalité.
L’abri préhistorique d’Abou Tamsa
Situé à 9 km à l’est d’Apollonia-Susa, ce petit abri (20 m2) est étudié depuis 2006. Les fouilles ont révélé un important matériel archéologique et faunique qui a permis de mieux comprendre les modes de vies des groupes néolithiques via leurs industries (lithique, osseuse, céramique, parure) et leur mode d’alimentation.
D’après ce site, le début de la domestication animale remonterait à la première moitié du VIe millénaire et la production de céramique à la seconde moitié du VIIe millénaire av. J.-C., plaçant ainsi le Néolithique de cette région parmi les plus anciens de l’Afrique septentrionale.
La grotte de Kaf Tahr
En 2009, avec l’aide de Sophie Marini, fut découvert par prospection le site de Kaf Tahr, portant à trois le nombre de grottes rupestres connues en Cyrénaïque. Kaf Tahr possède des gravures appartenant à au moins deux périodes chronologiques différentes : une première série remontant à l’épipaléolithique, avec de grands animaux sauvages naturalistes (autruche, gazelles, oiseaux, poissons), une seconde datant sans doute de l’époque protohistorique, avec des figures schématiques mais surtout une scène avec un personnage masculin tenant une épée et un bouclier, un char dételé et deux chevaux harnachés, renforçant l’hypothèse du travail de la métallurgie et de la domestication du cheval en Cyrénaïque dès avant l’époque historique.
L’équipe de recherche
La Mission archéologique française de Libye a été fondée en 1976 par François Chamoux, reprise en 1981 par André LARONDE, puis en 2011 par Vincent Michel. Initialement tournée vers la période gréco-romaine (Leptis Magna, Apollonia-Susa), elle a constamment élargi son champ de recherches vers l’Antiquité Tardive (Érythron-Latrun) ou encore la Préhistoire.
Dans un contexte sécuritaire complexe, elle se concentre aujourd’hui sur le renforcement de la coopération franco-libyenne (formations en archéologie, en archéométrie et en restauration) et sur les travaux de post-fouille.
Soutenue par le Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles, la mission œuvre pour la lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels, qui est l'une des priorités du ministère de la Culture.
En savoir plus :
- La page du Centre de recherche sur la Libye antique
- La Mission sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères