Leptis Magna
À 110 km à l’est de Tripoli, la ville antique de Leptis Magna fut l’une des trois grandes villes de la région historique de Tripolitaine. Fondation punique, elle devint par son lustre la Rome africaine. À l’inverse de Cyrène qui conserva sa parure monumentale de style grec, Leptis a effacé tous ses vestiges puniques.
La mission archéologique française travaille depuis plus de trente ans dans la région de la Tripolitaine. Dès 1911, des fouilles italiennes à Leptis Magna avaient mis au jour l’essentiel des édifices majeurs : le théâtre augustéen, l’amphithéâtre, les grands bains d’Hadrien, le forum et la basilique de Septime Sévère, le grand empereur natif de la ville, pour ne citer qu’eux.
Les thermes du Levant
Sous l’impulsion d’André Laronde, des fouilles sous-marines sont entreprises dans le port antique. Parce qu’elles permettent la découverte d’un pôle protecteur avancé indiquant une probable urbanisation à l’est, elles débouchent en 1994 sur des sondages qui révèlent les Thermes du Levant. Ces thermes sont composés de deux ensembles articulés et s’étendent sur 1500 m². Une voie à portique suit le rivage et dessert diverses pièces, dont le vestibule à colonnes et probablement d’anciens locaux commerciaux ou artisanaux.
Ces thermes répondent aux canons de l’architecture thermale romaine, avec une grande salle froide (frigidarium) équipée de deux piscines, deux pièces tièdes (tepidarium) et une pièce chaude (caldarium) qui contient des baignoires.
Une occupation discontinue
Si les sols les plus anciens de l’édifice remontent à l’époque républicaine et augustéenne, les thermes proprement dits n’ont été utilisés qu’à partir du IIe siècle ap. J.-C. Le bâtiment a connu une profonde modernisation sous Septime Sévère (193-211) ; c’est notamment à cette époque que les sols et les murs sont recouverts de marbre. L’activité thermale cesse dans la seconde moitié du IIIe siècle – peut-être suite à un tremblement de terre – puis le site est réhabilité fin IIIe - courant IVe siècles, avec un réaménagement des salles en meunerie, boulangerie, puis en habitations précaires. L’ensablement des thermes commence au Ve siècle et se poursuit jusqu’au VIIe siècle, date à laquelle ils sont abandonnés.
Grâce à cette connaissance précise, fruit de l’étude conjointe de la stratigraphie, du bâti et du mobilier céramique, la Mission projette d’aménager les thermes pour leur présentation au public.
L'équipe de recherche
La Mission archéologique française de Libye a été fondée en 1976 par François Chamoux, et reprise en 1981 par André Laronde. En 2011, suite à son décès, c’est Vincent Michel qui en prend la tête. Initialement tournée vers la période gréco-romaine, elle a constamment élargi son champ de recherches vers l’Antiquité Tardive (Érythron-Latrun) ou encore la Préhistoire (Abou Tamsa). Dans un contexte sécuritaire complexe, elle se concentre aujourd’hui sur le renforcement de la coopération franco-libyenne (formations en archéologie, en archéométrie et en restauration) et sur les travaux de post-fouille.
Soutenue par le ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères sur l’avis de la Commission des fouilles, la mission œuvre pour la lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels, qui est l'une des priorités du ministère de la Culture.
En savoir plus :
- La page du Centre de recherche sur la Libye antique
- La Mission sur le site du ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères