L’un des joyaux de l’architecture Ghoride

Minaret de Jam

Très isolé par sa position au cœur des montagnes afghanes qui le rend difficile d’accès aux visiteurs le « minaret » de Jam est un des monuments les plus célèbres d’Afghanistan.

Vue générale du minaret de Jam. 2004. DAFA

Le site de Jam dans la province Ghor, sur les bords du Hari roud, un fleuve qui prend sa source au centre de l’Afghanistan et coule vers Hérat et l’Iran, est surtout connu par sa tour, parfois interprétée comme un minaret, qui s’élève aujourd’hui  jusqu’à 65 mètres.

Un chef d’œuvre de l’architecture ghoride

On sait par l’inscription en caractère koufique qui constitue une partie de son décor qu’elle fut construite en 1192 par le sultan ghoride Giyat ud Din (1153-1204). C’est un des plus beaux exemples d’un style architectural qui, de l’Asie centrale à l’Inde, illustre la maîtrise et l’originalité des architectes de cette période.

Mais un monument longtemps ignoré

Situé dans une zone d’accès très difficile, du fait aussi bien du relief montagneux que de son éloignement des centres de pouvoir, il est signalé à la fin du XIXe siècle par la commission anglo-russe, chargée du tracé des frontières de l’Afghanistan, pour retomber dans un oubli complet. C’est en 1957 qu’un groupe de chercheurs français et afghans de la DAFA mené par André Maricq en fit la première étude scientifique. Il fut ainsi possible d’établir que ce qui avait été interprété comme étant un minaret se trouvait être une tour de victoire, monument commémoratif plus que religieux.

Le berceau de la dynastie ghoride ?

Construit principalement en briques cuites, seule une petite partie de son décor de terres cuites architecturales vernissées a été conservée. Aux alentours, de nombreux vestiges attestent de la présence d’une occupation humaine qui pourrait correspondre à la ville de Firouz Kouh, capitale des sultans ghorides et berceau de la dynastie du même nom qui depuis le centre de l’Afghanistan constitua un vaste empire s’étendant d’Iran jusqu’en Inde du Nord et englobant une grande partie de l’Asie centrale. Des stèles funéraires portant des inscriptions hébraïques ont été également retrouvées dans cette zone suggérant qu’il y existait une communauté juive dont l’histoire reste encore à écrire.

Un monument fragile

Le « minaret » de Jam est un monument fragile car isolé architecturalement et menacé par les crues du Hari roud aussi bien que l’impact des précipitations et du vent qui a affecté principalement le décor architectural et ce dans un contexte où le dérèglement climatique contribue à accentuer tous les facteurs d’érosion.

Classé en 2003 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité il fait l’objet d’une surveillance aussi attentive que le permettent les conditions d’accès à ce site et en particulier le contexte sécuritaire.