La vie dans la Vieille Ville d’AlUla
Abandonnée telle quelle à la fin des années 80, la Vieille Ville d’AlUla nous offre un véritable bond dans le passé. La vie quotidienne des anciens ḥijāzīs au XXe siècle est révélée, petit à petit, par les chercheurs de ce nouveau projet archéologique initié par l'Arabie saoudite.
Caractériser la vie dans la ville
La vallée d’AlUla a attiré les populations humaines dès la préhistoire, comme en témoigne le développement de quatre villes successives : Dadan (âge du Fer), Hégra (Ier siècle av. J.-C.), Al-Qurh (du VIIe au XIIe siècles) et AlUla (du XIIIe siècle aux années 1980).
Au carrefour de routes caravanières, AlUla a su perdurer jusqu’aux années 80. Abandonnée il y a peu, le remarquable état de conservation de la Vieille Ville d'AlUla nous offre un témoignage vibrant de la vie quotidienne de ses anciens habitants.
Comment les populations ont-elles développé un nouveau paysage urbain dans la vallée ? Comment ont-elles optimisé l'espace urbain pour y créer des zones publiques et privées ?
Les chercheurs font « parler les ruines » de cette cité oasisienne en explorant et identifiant les structures et artefacts de ce passé proche, brossant un véritable tableau de la vie à l'intérieur des murs.
Une immersion dans la vie quotidienne
La vie quotidienne de la Vieille Ville peut être en partie déchiffrée grâce aux nombreux artefacts qu’elle nous révèle. Comme un « musée à ciel ouvert » beaucoup d’objets sont encore en place et les activités qui les animaient peuvent être étudiées grâce aux méthodes de l'archéologie, aux documents d’archives ou grâce à l’interview d'anciens habitants.
Objets artisanaux, commerciaux ou personnels, différents pans de la vie à AlUla se dévoilent grâce à sa culture matérielle. Nous y retrouvons de la vaisselle, des outils, des paniers tissés ou encore divers meubles en bois. Un ancien cahier d’écolier ou encore un cartable en cuir nous laissent imaginer les activités domestiques quotidiennes des habitants, petits et grands.
D’autres objets font référence aux pratiques religieuses, comme ce porte livre accompagné de ses stylets, généralement utilisés pour y déposer et lire le Coran. Une stèle funéraire a étonnamment été retrouvée dans une maison. La tradition islamique recommande d'inhumer les morts dans un linceul, sans stèle ou autre démarcation funéraire. La présence de cette stèle peut ainsi être un indice d'une pratique religieuse différente, à une certaine époque, dans la Vieille Ville.
La sensibilité artistique des habitants apparaît au travers des parures de bijoux et des objets peints, gravés ou sculptés. Des coffres en bois et métal, souvent découverts vides de leurs contenus, servaient à conserver les bijoux, effets personnels ou tout objet de valeur.
De nombreuses peintures murales décorent encore l’intérieur des maisons de la Vieille Ville. L’étude de leur composition et de leur signification peuvent nous transmettre des informations sur les anciens habitants d'AlUla, leurs intérêts et influences. La convergence des objets artistiques et des peintures est un témoignage précieux du goût des habitants.
Une ville islamique aux multiples échanges / influences
La riche culture matérielle découverte dans la Vieille Ville d’AlUla nous donne un aperçu de la vie quotidienne qui s’y déroulait. Rythmée par le quotidien musulman, la ville révèle les traces d’une société ouverte où de nombreux échanges et influences ont eu lieu. En effet, de par sa localisation sur les routes caravanières, les flux de marchandise et de voyageurs furent nombreux et variés au fil du temps, touchant aussi bien aux domaines économiques, commerciaux, politiques, sociaux ou religieux.
“A vision through time” : un renouveau culturel pour la vieille ville d’AlUla.
En avril 2016, le prince héritier de l’Arabie Saoudite Mohammad Ben Salman a lancé la Vision 2030 dont l’un des objectifs est de mettre en valeur le formidable patrimoine de la région d’AlUla en la positionnant comme une destination culturelle mondiale.
Afin d’étudier l’histoire de la vieille ville, AFALULA (Agence française pour le développement d’Al-Ula) a demandé à l’entreprise Archaïos de créer un projet innovant. En 2019, Archaïos lance le projet MuDUD (Multiscalar Documentation for Urban Dynamics), un programme de recherche novateur transdisciplinaire qui rassemble des experts et des outils technologiques de haut niveau. Ce projet est mené en partenariat étroit avec la RCU (Royal Commission of AlULa).
L’objectif de ce programme est de comprendre, par l’étude archéologique de la vieille ville, son histoire, son importance dans la vallée et de caractériser la vie qui y prenait place au quotidien.