Kurdistan. Carte archéologique

Soulaimaniah

Le patrimoine archéologique du Kurdistan irakien est en danger du fait de pillages, de la guerre mais aussi de l’important développement urbain et industriel. La direction des Antiquités de Soulaimaniah souhaitait disposer d'une carte archéologique qui lui permettrait de gérer et protéger son patrimoine mais aussi de restituer plus de 300 000 ans d’histoire.

Paysage du Kurdistan

L’ensemble de ce patrimoine multimillénaire est en danger pour plusieurs raisons, l’important développement urbain et industriel que connaît la région depuis 2011, la situation géographique et géopolitique impliquant la présence de conflits armés aux frontières et enfin la récente crise économique qui amène à la reprise des pillages. Il devenait donc urgent d’inventorier tous les sites archéologiques, historiques et culturels afin de les protéger. La réalisation de cette carte a été confiée par la direction des Antiquités du Gouvernorat de Soulaimaniah à la mission archéologique française du Gouvernorat de Soulaimaniah, dirigée par Jessica Giraud. 

La carte archéologique, un outil puissant

Qu’est-ce qu’une carte archéologique ? Il s’agit d’un large inventaire de toutes les traces laissées par les sociétés humaines tout au long de l’histoire : des grands sites archéologiques, de type tell, aux petits campements nomades, des grottes et abris sous roche aux grands bas-reliefs, des canaux et karez (système d'irrigation) aux cols de montagne fortifiés, des anciennes mosquées aux petits cimetières.

Ici l’inventaire est associé à une cartographie sous SIG (système d’information géographique) ce qui permet de croiser de nombreuses données telles que les routes, le cadastre, les prochaines constructions, les canaux, les sites pillés ou détruits. Le croisement de ces informations permet de gérer la protection des sites en permettant un dialogue avec les différents acteurs de la région.

Par son aspect exhaustif, cette carte archéologique permet aussi d'étudier l’évolution des peuplements de la région, l’histoire des territoires et des espaces. Elle constitue un outil fondamental pour esquisser l’histoire de la région sur le long terme, du Paléolithique à nos jours.

300 000 ans d’histoire des piémonts du Zagros

Les prospections ont débuté dans les districts situés au nord-est du Gouvernorat. L’utilisation d’une méthode mixant interviews, sondages et analyses des images aériennes et satellitaires, récentes et anciennes, a permis de multiplier par quatre le nombre de sites anciennement connus. La mission a déjà localisé, cartographié, étudié et daté plus de 240 sites archéologiques. Ce nombre est suffisant pour commencer à esquisser une histoire originale du peuplement des piémonts septentrional du Zagros sur le temps long. Des montagnes occupées par les hommes de Néandertal, aux petits villages agricoles néolithiques, aux premières villes du Chalcolithique récent, aux petits royaumes de l’âge du Bronze, à la création d’une frontière sous l’Empire assyrien, à la mise en place de capitales régionales sous les Empire parthe et sassanide, jusqu’à l’installation du système actuelle des villes et villages kurdes de la région.

La mission archéologique française du Gouvernorat de Soulaimaniah s'est constituée en octobre 2012 et a reçu le soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères sur l'avis de la Commission consultative des recherches archéologiques à l'étranger. L’équipe de recherche se compose actuellement d’une vingtaine de membres, majoritairement des doctorants et des post-doctorants en archéologie, géographie et ethnographie. Tous spécialistes d'une période ou d'un thème spécifique, chacun est en charge d’un des axes de recherches de la mission.

 

La lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels est l'une des priorités du ministère de la Culture, qui prête une grande attention à l'ensemble de ces problématiques, notamment par son rôle régalien de contrôle de la circulation des biens culturels.

 

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