Shabwa capitale antique du Hadramawt
Shabwa fut la capitale antique du royaume du Hadramawt - une région située à l’est du Yémen - du premier millénaire avant J.-C. jusqu’au Ve siècle.
Dans son sens le plus strict, le Hadramawt désigne la vallée qui s’étend parallèlement à la côte méridionale de l’Arabie de 47° à 50° de longitude Est, entre les falaises abruptes des hauts-plateaux, et dans un sens plus large, tout le bassin hydrographique jusqu’à l’océan Indien.
Shabwa a dominé pendant plus d’un millénaire tout cet ensemble, étendant même son emprise jusqu’à la région du Zufâr (de nos jours au sultanat d’Oman). La ville se situe sur le flanc occidental du plateau (lat. 15°22’ N et long. 47°01’) à une altitude de 700 m, tout proche du désert de Ramlat as- Sab’atayn.
Histoire de la ville
La ville s’est installée au milieu du wâdî ‘Irma dans un vaste triangle de collines redressées par une poussée de sel gemme. Au flanc de l’arête méridionale, un premier établissement s’est développé dès le second millénaire, puis a progressivement occupé un trapèze, fortifié dès le milieu du premier millénaire avant J.-C. C’est à cette époque que Shabwa s’impose comme capitale du Hadramawt, organisant à son profit un réseau commercial d’aromates, d’encens et de myrrhe, vers l’Orient méditerranéen.
Les sources classiques, dès le Ier siècle, font état d’une ville prospère aux multiples temples dont l’un est dédié à la divinité Siyân. Il s’agit en réalité de maisons pourvues de plusieurs étages, témoignant de la richesse de ses familles de marchands et de propriétaires terriens. L’importance de la ville ne saurait se comprendre sans la création d’une oasis, sur plus de 1500 hectares, entretenue pendant des siècles. Le déclin de la ville tient autant à l’abandon de son réseau d’irrigation - pour des raisons techniques - qu’à la mainmise des Himyarites sur la région.
Les recherches sur le site
Explorée dès 1936 par Harry St. John Bridger Philby, la ville fit l’objet d’une brève campagne de fouilles par un contingent de soldats anglais en 1942, sous la direction du Major R.A.B. Hamilton, alors que le Sud du Yémen était sous protectorat britannique. Les guerres d’indépendance des deux Yémen du Sud et du Nord interdirent toute recherche jusqu’au milieu des années soixante-dix. En 1975, une mission française put enfin entreprendre des fouilles qui se poursuivront - malgré quelques interruptions - jusqu’en 2000.