Ougarit - Ras Shamra
Ougarit est une cité antique de la côte syrienne, capitale d’un royaume du même nom qui connut son apogée du XIVe au début du XIIe siècle av. J.-C., dont les vestiges ont été retrouvés sur le site de Ras Shamra.
Le tell de Ras Shamra est localisé dans la grande et fertile plaine de Lattaquié, à quelques kilomètres au nord du cap de Ras Ibn Hani et à 800 m de la grande anse maritime de Minet el-Beida, où se trouvait le port principal d’Ougarit, Mahadou. La découverte fortuite, en 1928, d’une tombe construite en pierre sur ce dernier site conduisit, l’année suivante, à la création de la mission archéologique de Ras Shamra et au début de l’exploration systématique du site d’Ougarit, confiée à Claude F.A. Schaeffer (1898-1982) par René Dussaud alors conservateur des Antiquités Orientales au Louvre.
Du Néolithique aux Peuples de la mer
Le site de Ras Shamra fut occupé de façon quasi ininterrompue depuis l’installation des premiers agriculteurs à l’époque néolithique, vers 7500 av. J.-C., jusqu’à la fin de l’âge du Bronze. Centre majeur d’échanges de la Méditerranée orientale, la ville est détruite aux environs de 1180 av. J.-C., au moment où le Proche-Orient et la Méditerranée orientale connaissent d’importants bouleversements politiques, sociaux et économiques liés, entre autres, à des phénomènes migratoires. Le site de Ras Shamra ne connut plus, à partir du milieu du Ier millénaire, que des réoccupations plus modestes, à l’âge du Fer et aux époques hellénistique, romaine et ottomane.
Une ville cosmopolite, tournée vers la Méditerranée
Le site de Ras Shamra couvre environ 27 hectares. Les vestiges visibles datent surtout du Bronze récent, c’est-à-dire des XIIIe - XIIe siècles av. J-C. Dans le secteur de l’Acropole, qui culmine à 18 m, se dressent les deux grands temples de la cité, dits « de Ba'al » et « de Dagan ». Entre les deux fut mise au jour la maison dit du « Grand Prêtre », célèbre pour sa bibliothèque ayant livré la plupart des grands textes littéraires d’Ougarit (mythes et légendes). Des quartiers d’habitation entourent cette zone. L’ouest du tell abrite le quartier palatial, en lien avec une entrée fortifiée de la ville, le palais royal s’étendant sur près de 7000 m2 et servant principalement de demeure au roi et de siège à l’administration centrale.
La capitale et ses satellites ont joué le rôle de creuset culturel comme en témoignent la culture matérielle et la culture écrite. La riche documentation écrite du Bronze récent final, mise au jour tout au long de l’exploration du site, confirme le caractère composite de la société ougaritique. La diversité des langues et des écritures qui y sont attestées en témoigne pour partie. En plus de la langue vernaculaire – l’ougaritique – écrite au moyen d’un système cunéiforme alphabétique créé localement, d’autres langues ou dialectes et d’autres systèmes d’écriture sont connus.
Les directeurs de la mission
Claude Schaeffer dirige l’équipe jusqu’en 1969, avec une interruption du fait de la Seconde Guerre mondiale. Les recherches sont ensuite conduites sous la direction de :
- Henri de Contenson (1970-1973)
- Adnan Bounni et Jacques Lagarce (1974)
- Jean-Claude Margueron (1975-1976)
- Marguerite Yon (1978-1998).
En 1999, la mission devient conjointe et porte le nom de Mission archéologique syro-française de Ras Shamra – Ougarit. Elle est dirigée :
- côté syrien par Bassam Jamous (1999-2004), puis par Jamal Haydar (2005-2013), et depuis 2014 par Khozama al-Bahloul
- côté français, par Yves Calvet (1999-2008), et depuis 2009 par Valérie Matoïan.
Les collections d'Ougarit - Ras Shamra dans les musées français
Le département des Antiquités orientales du musée du Louvre conserve et présente des objets des fouilles anciennes menées à Ougarit - Ras Shamra et Minet el-Beida.
Le musée d'Archéologie nationale, Domaine national de Saint-Germain-en-Laye conserve et présente des objets provenant d'Ougarit - Ras Shamra dans la salle d'archéologie comparée du musée. Une partie de ces collections a été numérisée dans le cadre du projet France Collections 3D porté par l'agence photo de la réunion des musées nationaux - Grand Palais.
La lutte contre le vol et le trafic illicite des biens culturels est l'une des priorités du ministère de la Culture, qui prête une grande attention à l'ensemble de ces problématiques, notamment par son rôle régalien de contrôle de la circulation des biens culturels