Les vallées des piémonts, ne recevant que peu de pluies, n'ont pu être cultivées qu’au prix d’aménagements d’irrigation ambitieux. De vastes oasis y ont été aménagées dès l’âge du bronze, formant le cœur historique des royaumes antiques.

Des terres favorables à l’agriculture

En dehors des hautes terres occidentales, le climat est sec et torride, avec des précipitations inférieures à 200 mm par an, quantité minimale requise pour pratiquer une agriculture régulière. Les seules zones cultivées sont les débouchés des grandes vallées qui collectent les pluies de la montagne. Ces oasis de piémont sont particulièrement nombreuses tout autour du bassin intérieur. Dès le début de l’âge du bronze, ce sont donc dans les oasis que l’agriculture a commencé à être pratiquée.

Les débuts de l’irrigation

L’évolution du milieu a profondément modifié les paysages des basses vallées au cours de l’âge du bronze. Dans un contexte climatique tendant vers l’aridité, des phases plus ou moins humides semblent se succéder jusque vers 1500-1000 av. J.-C., période à laquelle les pluies de mousson dépassent de plus en plus rarement la chaîne montagneuse côtière : c’est le début d’une phase d’aridité croissante. Ces variations climatiques ont eu une incidence importante sur les pratiques agricoles. Pendant les phases humides, le débit des cours d’eau est beaucoup moins torrentiel que dans les périodes plus sèches à régime irrégulier dont les variations sont brutales. Les crues étaient alors progressives et inondaient l’ensemble du fond de vallée ; l’irrigation ne nécessitait alors pas d’ouvrage d’art important. De simples rigoles de dérivation permettaient une mise en culture.

À la fin du IIe millénaire, avec l’accroissement de l’aridité, le régime des crues devint plus torrentiel et les wâdîs surcreusèrent leur lit : c’est à ce moment que les ouvrages d’art hydrauliques monumentaux devinrent nécessaires pour assurer l’irrigation, accompagnant dans les basses terres la formation de sociétés urbaines.

Les oasis, un défi permanent

Dans les vallées arides, d’ambitieux systèmes d’irrigation ont permis la culture de céréales et de palmiers dattiers, à l’ombre desquels poussaient les arbres fruitiers et les légumineuses. La superficie de la plus grande oasis, à Ma’rib, excédait 10 000 ha. Ces terroirs faisaient toutefois face à un double défi, social et environnemental. D’une part, les oasis dépendaient le plus souvent d’un réseau d’irrigation tirant son eau d’une source unique ; cela impliquait un consensus entre les habitants de la vallée pour la répartition de l’eau. D’autre part, la crue apportait chaque année quantité de sédiments qui ont noyé ces vallées sous des hauteurs impressionnantes d’alluvions, dépassant 33 m à Ma’rib. Les systèmes d’irrigation devaient en permanence être entretenus et exhaussés. Cela requérait des moyens financiers et d’organisation importants. Au début de l’ère chrétienne, des bouleversements politiques et économiques ont entraîné le déclin et l’abandon de la majorité des oasis de piémont.

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