L’encens compte parmi les ressources les plus célèbres du Yémen. Cette gomme-résine blanche exsudée par un arbre, le Boswellia sacra, était exportée dans tout le Proche-Orient ancien et en Méditerranée.
La production et le commerce de l’encens
Dans l’Arabie du Sud antique, l’encens était une affaire d’État. Les auteurs classiques, à l’image de Théophraste d’Érésos et de Pline l’Ancien, le décrivent comme une ressource de grande valeur, convoitée. Ils s’accordent à placer sa production et son commerce dans un cadre institutionnel rigide.
La production était assurée par les communautés rurales orientales, sous contrôle des élites politiques et religieuses. L’essentiel de la production provenait du plateau du Hadramawt (Yémen) et du Dhofar (Oman), avec une petite récolte en février et la principale entre avril et juin.
Si le commerce de l’encens n’est évoqué que dans une dizaine d’inscriptions yéménites, il a pourtant constitué une source de grande richesse. À partir du début du Ier millénaire av. J.-C., avec la domestication du dromadaire, s'est mis en place un commerce caravanier trans-arabique qui permettait d’acheminer cette ressource jusqu’au Levant, en Mésopotamie, en Égypte et dans le bassin méditerranéen. Au tournant de l’ère chrétienne, son transport se faisait par voie de mer, depuis les ports de l’Arabie du Sud, jusqu’à la côte égyptienne et au golfe d’Aqaba.
Les usages des parfums
D’ordinaire, les cosméticiens et bouilleurs d’onguents, après avoir broyé la résine en menus morceaux, en extrayaient des huiles essentielles ou s’en servaient pour parfumer des substances liquides ou pâteuses. Leurs emplois étaient alors fort divers : certains étaient brûlés pour plaire aux divinités tandis que d’autres entraient dans la confection de drogues ou servaient en parfumerie. Les techniques pratiquées, surtout connues par l’iconographie, étaient l’expression à travers un tissu, l’évaporation, l’infusion, la macération et la dissolution. Même si les produits étaient loin d’avoir la puissance olfactive de nos parfums, la vogue de l’encens était immense.