La 8e campagne est à la fois un rapport militaire, un compte-rendu des exploits réalisés par les armées du dieu Assur et une œuvre de propagande ayant des visées politiques. 

La campagne de 714 av. J.-C., contre l'Empire urartéen

Sargon II d’Assyrie (722-705) effectue au cours de sa 8e année de règne (714) une campagne militaire, à l’ampleur géographique importante, contre l’empire d’Urartu. Depuis l’Assyrie, il traverse avec son armée la chaîne septentrionale du Zagros, et parvient jusqu’aux rivages du lac d’Ourmia. Il vainc son adversaire le roi de l’Urartu à la bataille du mont Wa’ush, puis dévaste ses provinces et ses terres royales. Sargon II s’attaque également à Musasir, une ville au rôle cultuel considérable, qu’il pille et met à sac. Enfin, vainqueur sur tous les fronts, Sargon II rentre en Assyrie.  

Le dieu Assur

Sept lignes nous présentent le dieu Assur, le destinataire de la lettre, et nous renseignent sur ses prérogatives. On y apprend qu’il est le dieu suprême de l’Assyrie et de la ville d’Assur, depuis laquelle il annihile le mal. Dieu de la guerre, il chasse l’ennemi et l’enferme dans son filet. Nul succès militaire, ni grand accomplissement ne peuvent être envisagés sans lui, auquel cas, c’est la défaite assurée.

(l.116) à Assur, souverain de tous les dieux, seigneur des pays, qui a tout engendré, roi de l'ensemble des grands dieux, qui contrôle l'univers,

(l.117) le tout puissant seigneur de la ville d'Assur, qui dans le déchaînement de sa formidable colère, pulvérise les princes du monde tandis que les ……… sont écrasées,

(l.118) le héros puissant, du piège duquel le malfaisant ne peut s'échapper, et par qui celui qui ne respecte pas son serment est éradiqué ;

(l.119) celui qui traite son commandement avec irrévérence, qui se fie à ses seules forces, fait peu de cas de sa majesté divine, et ne s'exprime que par bravades,

(l.120) il l'attaque furieusement dans la mêlée du combat, brise ses armes et détruit l'ordonnancement de son armée.

(l.121)  mais à celui qui observe le verdict des dieux, qui a confiance dans le jugement équitable de Shamash, et qui révère le pouvoir divin d'Assur, l'Enlil des dieux,

(l.122)  Assur fait marcher à son côté ses féroces porteurs de hache, et il lui assure le triomphe sur ses ennemis et ses adversaires

Une lettre du roi d'Assyrie Sargon II

L'auteur est Sargon II, il se présente et rappelle qu’il est le souverain d’Assyrie, le roi légitime, celui qui est fidèle à la parole divine: 

(l.112) moi, Sargon, roi des quatre régions, berger du pays d'Assur, garant des serments d'Enlil et de Marduk, attentif au jugement prononcé par Shamash,

(l.113) rejeton de la ville d'Assur, ville de la sagesse et de l'intelligence, moi qui prête une attention respectueuse à la parole des grands dieux et qui ne cherche pas à vérifier à l'avance leur dessein.

(l.114) le roi légitime, qui dit le bien, qui a en horreur les propos félons, de la bouche duquel ne sort jamais le moindre ordre de faire le mal ou d'opprimer (quiconque).

(l.115) le plus sage des princes du monde entier, qui a été conçu dans la sagesse et la réflexion, qui, de sa main, fait respecter la piété envers les dieux et les déesses

Un récit de propagande

La 8e campagne est un récit de propagande qui met constamment en avant la supériorité de l'Assyrie en utilisant de nombreuses références littéraires et historiques. D'ailleurs, l’élaboration de la 8e campagne a nécessité le recours à une langue raffinée, pétrie de références littéraires, parfois très anciennes. L’usage du babylonien standard renforce la valeur littéraire et historique de l’œuvre et confère au souverain un immense prestige. Outre les passages tirés de la littérature, la lettre puise ses thèmes dans des récits mythologiques et historiques. Des passages sont parfois empruntées à des oeuvres antérieures avec des références répétées à Sargon d’Akkad (vers 2300 av. J.-C.) et à la campagne uraratéenne de Salmanazar III (858-824 av. J.-C.). Enfin, la 8e campagne comporte des passages humoristiques et de nombreux jeux de mots. Ils sont destinés à dynamiser les phrases lors de la récitation de la lettre, en jouant sur des termes à la sonorité proche, ou en employant des homonymes, voire des tournures grammaticales plus rares.