Une composition architecturale ambitieuse

Cette imposante résidence est localisée à proximité de la Garonne, à une quinzaine de kilomètres d’un chef-lieu de cité, Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges). Le site fait l’objet de découvertes dès le XIXe siècle, mais on doit l’essentiel de nos connaissances à l’inlassable activité de terrain de Georges Fouet, entre 1941 et 1981.

On distingue une villa monumentale aux nombreux péristyles, équipée d’un balnéaire indépendant. Au-delà d’une voie, à 100 m au sud de la résidence, prend place un ensemble cultuel et funéraire. La partie résidentielle occupe une surface d’environ 90 m sur 160 m. Son organisation axiale est soulignée par une vaste cour d’apparat de 3000 m2. L’entrée principale devait se faire par un important corps de bâtiment au sud. Au nord, on trouve face à l’entrée, une galerie de plus de 6 m, plus large que les autres branches du péristyle de la cour, flanquée à ses extrémités de deux absides. Elle sert de transition avec deux autres cours organisant les différentes parties de la résidence, mais permet aussi l’accès à un péristyle en sigma entourant un bassin qui renforce l’axialité de la composition. Une salle de réception de plan octogonal, bien qu’appartenant aux constructions ordonnées autour du péristyle le plus septentrional, ouvre sur le bassin semi-circulaire. D’une surface d’un peu moins de 100 m2, ce volume remarquable est doté d’absides. Du luxe de la pièce subsistent les restes d’un sol en opus sectile, une marqueterie de marbre. Nymfius, un propriétaire de l’Antiquité tardive

La construction de cette imposante résidence est datée du IVe siècle, et a été suivie d’importants réaménagements durant le siècle suivant. Sa décoration est des plus luxueuses, avec un large usage des revêtements de marbre et la présence de toute une série de mosaïques à décor géométrique et végétal. Le rang social élevé du commanditaire de cette villa ne fait aucun doute et son identité nous est peut-être fournie par un document épigraphique exceptionnel, l’épitaphe de Nymfius. 

C’est aussi un témoignage littéraire que ce texte composé de vingt-quatre vers, ordonnés en deux parties. Dans la première, on y trouve l’éloge rendu par la province au premier de ses notables et son rôle d’évergète, avec l’organisation de jeux populaires qui lui ont obtenu « sur les gradins les vivats de la foule ». La seconde partie évoque le deuil public avec la perte de ce haut personnage pour sa « patrie » provinciale mais aussi un aspect plus privé, avec la mention de l’épouse, Serena. On a cherché, à partir de certaines formules employées, à donner une dimension chrétienne à cette inscription datée au plus tard du début du Ve siècle.

Le bloc, réemployé comme table d’autel et déplacé au cours temps, pourrait provenir d’un mausolée, très détruit par les reconstructions chrétiennes et situé au sud d’une voie séparant l’espace funéraire de la villa. Des sarcophages sont installés à l’intérieur du monument principal et une nécropole se développera ensuite aux abords jusqu’au haut Moyen Âge.