Longtemps considérée comme une discipline d’antiquaires, l’épigraphie acquiert, au même titre que l’archéologie, une stature scientifique à partir du milieu du XIXe siècle. Elle était, jusqu’à cette période, aux mains de savants qui constituaient des recueils d’inscriptions au gré de leurs collections et de leurs voyages.

La fixation de règles et de techniques

Pour la première fois, des règles de lecture et d’interprétation sont établies, une véritable méthode scientifique est fixée. Des techniques sont mises en place pour le recueil des inscriptions, notamment le recours quasi systématique à l’estampage. Les copies doivent préciser la date et le lieu de découverte ainsi que le lieu de conservation et les dimensions de l’inscription. Les faux sont identifiés en remontant aux premières publications, un véritable travail critique sur la transmission des inscriptions est réalisé. Léon Renier s’insurge contre la technique de la rubrication, largement en usage jusque-là. Elle consistait à retracer, sur les pierres, les lettres avec de la peinture rouge et empêchait toute relecture critique.

La constitution de corpus exhaustifs et méthodiques

Malgré une tentative de recueil général par Joseph-Juste Scaliger, Marc Velser et Jean Gruter en 1603, la discipline épigraphique souffre de la dispersion des inscriptions dans un grand nombre de publications manquant généralement de méthode. S’élaborent dès la fin des années 1830, en France comme en Prusse, des projets de corpus systématiques. Ils doivent rassembler par provinces, l’ensemble des inscriptions connues en précisant les publications antérieures et les dates de découvertes. Pour la première fois, des enquêtes larges, exhaustives et méthodiques sont lancées. Le projet de Corpus inscriptionum Latinarum, lancé par l’Académie de Berlin, est finalement le seul à voir le jour. Il rassemble, aujourd'hui, l’ensemble des inscriptions connues, en 17 volumes, classées par localisation géographique.

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