La description de la basilique dans le manuscrit de Reichenau. © Badische Landesbibliothek Karlsruhe.

La bibliothèque de Karlsruhe en Allemagne conserve un manuscrit que les moines de Saint-Denis avaient envoyé, vers 830, à leurs confrères de Reichenau sur le lac de Constance. Le manuscrit renferme la copie d'une description de la basilique de Saint-Denis, composée en 799, "en la 31e année du règne du roi Charles" (Charlemagne, 768-814). 

Le texte est placé à la suite d'une Vie de saint Martin qui se termine par la description de la célèbre basilique de Tours. La description de Saint-Denis est copiée sur celle-ci, tout en amplifiant les données numériques (Saint-Denis mesure 245 pieds de long, Saint-Martin seulement 160 pieds ; Saint-Denis compte 101 fenêtres, Saint-Martin 55) ; aussi ce texte a-t-il pu être considéré comme un instrument de propagande. Il est donc vain de vouloir mettre en corrélation cette description littéraire, en apparence très précise, avec les vestiges matériels de l'édifice fouillé par l'archéologue américain Sumner McKnight Crosby

Le document nous apporte néanmoins des témoignages authentiques sur l'équipement de l'église. Il insiste en particulier sur la distinction entre les quatre grandes portes extérieures, ornées d'or et d'argent, d'argent et d'ivoire. En 1144, l'abbé Suger connaît toujours l'une de ces portes ornée d'ivoire menant au cloître.

Le texte désigne Charlemagne et son frère Carloman comme auteurs de cette construction dédiée à la mémoire de leur père Pépin. Les travaux de reconstruction auraient donc débuté après la mort de Pépin, en 768, et avant celle de Carloman, en 771. Le 24 février 775, l'abbé Fulrad consacre l'église reconstruite, en présence de Charlemagne.