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Partie d’un monument funéraire : deux jeunes hommes nus dansant. IIIe siècle. En remploi dans les fondations d’un mur du « Palais ».
Musée Carnavalet, Paris.
Cliché © A.-B. Pimpaud.

Stèle funéraire d’un cavalier auxiliaire.  En remploi au Bas-Empire dans la nécropole Saint-Marcel, 1868.
Musée Carnavalet, Paris.

Bloc sculpté représentant une cuirasse et des boucliers trouvé en remploi dans l’île de la Cité. Provient sans doute d’un grand mausolée. Haut-Empire. Photo prise vers 1863.
Musée Carnavalet, Paris. © BHVP.

Bas-relief figurant un triton soufflant et portant une néréide, sans doute un élément d’un mausolée. Haut-Empire. En remploi dans le decumanus bordant, au sud, la basilique du Marché aux Fleurs, 1982.
Musée Carnavalet, Paris.
Cliché © A.-B. Pimpaud.

Des stèles

Certaines tombes étaient surmontées d’un monument funéraire ou d’une stèle. Nombre de ces stèles n’ont pas été retrouvées sur place mais en remploi dans des édifices ou des sarcophages du Bas-Empire. Les défunts étaient représentés avec les attributs de leur métier ou une inscription le mentionnant. Des stèles rappellent une carrière militaire comme ce cavalier auxiliaire terrassant de sa lance un ennemi ou ces inscriptions citant un centurion, un exarque ou un membre du peuple des Ménapes. Beaucoup évoquent des liens familiaux.

Un mausolée

L’historien de Paris, H. Sauval rapporte au XVIIe siècle, avec émerveillement, une découverte manifestement monumentale. Ainsi, au siècle précédent, les carmélites de Notre-Dame-des-Champs,

« creusant là pour y faire une chapelle, rencontrèrent à quatorze pieds de rez-de-chaussée une cave, et dedans vers le milieu, un homme à cheval, deux hommes debout. Dans l’un des doigts de la main gauche de l’un des piétons, était passé l’anneau d’une lampe en terre rouge […] qui ressemblait à un pied chaussé de brodequin tout couvert de clous ou, si l’on veut, la caliga clavata des soldats romains. Il fallait que ce fût un joueur, car, de la droite, il tenait une petite tasse en forme d’écuelle de terre encore, avec trois jetons dedans et trois dés d’ivoire gros comme la moitié du pouce, et presque tous pétrifiés ainsi que les terres et les carrières d’alentour. Le petit enfant serrait de la droite, avec les doigts, une cuiller d’ivoire dont le manche était long d’un pied, et semblait la vouloir porter dans un grand vaisseau de terre proche de lui, qu’on trouva plein d’une liqueur si odoriférante qu’ayant été cassé par hasard l’air en fut tout embaumé. Dans la bouche aussi bien que dans celle des autres figures, une médaille de bronze de Faustine la mère et d’Antonin le Débonnaire, apparemment pour payer le naulage de Charon ».

Sauval H., Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris,Paris, 1724, 3 vol. [édition posthume, publiée par Rousseau] ; réimpression, 1733-1750.

Il s’agit probablement d’un groupe sculpté représentant le cortège du défunt, sur lequel sont accrochés, ou posés, les objets typiquement antiques décrits par H. Sauval.

Des mausolées

Il est très probable qu’il ait existé également des mausolées et des grands tombeaux. Des textes anciens, tels celui de l’historien de Paris H. Sauval au XVIIe siècle, font mention de la découverte de tels monuments. De même, de gros blocs sculptés et décorés retrouvés en remploi peuvent également être attribués à de grands mausolées, certains des motifs qui y sont représentés relevant de thèmes funéraires attestés, comme ceux du registre de la militia (la vie est considérée comme un combat, la mort en marquant la fin). C’est, par exemple, le cas du monument dit « du désarmement de Mars par des amours » ou d’un autre orné de boucliers et de cuirasses. Un décor de cortège marin avec des nymphes, des tritons et des panthères marines peut être interprété dans le même esprit. La qualité artistique de certaines de ces œuvres et leur maîtrise d’exécution montrent la richesse et la splendeur de la ville du Haut-Empire.

Ainsi imaginons un instant un voyageur du IIe siècle qui, venant d’Orléans, l’antique Genabum, se rendait à Lutèce en empruntant la voie romaine située à l’emplacement de l’actuelle rue de la Tombe-Issoire. Après avoir longé, à sa gauche, la rigole de l’aqueduc et peut-être les arches le soutenant, la première chose qu’il devait apercevoir, à la hauteur de la rue du Faubourg-Saint-Jacques, étaient ces magnifiques et imposants édifices funéraires qui annonçaient la ville et témoignaient, jusque dans la mort, de la prospérité de ses habitants.