Une tablette musicale

Le document RS 15.030+ (musée national de Damas), mis au jour dans le Palais royal d’Ougarit, est la seule tablette musicale, qui a pu être quasi entièrement reconstituée, mais de nombreux autres fragments du même genre ont été découverts dans cet édifice.

Les quatre premières lignes donnent les paroles, en langue hourrite, d’un hymne à la déesse Nikkal, transcription hourrite et ougaritique de la déesse lunaire sumérienne NIN.GAL, « la grande dame ». Suivent, sous un double trait, une série de termes akkadiens empreints de hourrite, accompagnés chacun d’un chiffre. Ce sont des termes musicaux techniques représentant des cordes ou des intervalles à propos desquels les musicologues avancent diverses hypothèses. Au verso un colophon indique qu’il s’agit d’un chant en mode nit kibli, (mode majeur ?), « un hymne ? des dieux », suivi du nom de son auteur et de celui du scribe copiste. Ils ne sont pas les seuls témoignages des pratiques musicales du royaume. Bien d’autres éléments nous sont parvenus.

La musique à Ougarit

Les textes mythologiques ougaritiques décrivent ainsi, lors des banquets des dieux, « Le dieu …qui chante et fait de la musique, avec la cithare et le chalumeau, avec le tambourin et les cymbales, avec les castagnettes d’ivoire ». Et les tablettes indiquent souvent au lecteur les sections du mythe qui doivent être chantées ou psalmodiées.

Les rituels précisent, eux aussi, à quel moment du culte doivent intervenir les chants « des fils ou des filles d’Ougarit ». Enfin, les textes administratifs font le comptage des rations distribuées aux chantres.

Les objets mis au jour sur le site, cymbales en bronze, claquoirs, olifants et cors en ivoire, de même que les figurines et les sceaux représentant des musiciens qui jouent du tambourin ou des cymbales, de la lyre et de la double flute, confirment si besoin était, que les enfants d’Ougarit et leurs dieux jouaient des mêmes instruments.

La tablette musicale ajoute une tout autre dimension à ces attestations car elle témoigne de l’existence, au sein du royaume, d’une musique de tradition écrite et représente le plus ancien document connu de musique savante.

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