Les textes akkadiens d’Ougarit couvrent une période allant du milieu du XIVe siècle au début XIIe siècle. L’emploi de cette langue et de son écriture dans la région était alors déjà ancien, la culture babylonienne faisant donc partie du patrimoine des scribes d’Ougarit. Ceux-ci étaient ainsi formés à l’école babylonienne, apprenant à Ougarit, sur des manuels d’origine babylonienne, sous la direction de professeurs locaux dont nous connaissons les noms, souvent membres d’anciennes familles de scribes d’Ougarit. Le cursus des scribes pouvait aller jusqu’à la copie des grands textes littéraires babyloniens tels que Gilgamesh ou le mythe du Déluge.

Une famille de scribes est particulièrement bien connue, il s’agit de celle de Nuʿmi-Rašap, avec trois générations de scribes au service du roi. Nuʿmi-Rašap est connu pour la rédaction de contrats juridiques ou d’actes royaux dont un important puisque le roi d’Ougarit lui-même est partie prenante. Ses fils sont des enseignants ou de hauts fonctionnaires proches du pouvoir royal. Il s’agit là d’une famille d’érudits versés dans les belles lettres mésopotamiennes : une demeure, qui pourrait avoir abrité l’activité du dernier membre de cette famille ʾAḫi-Rašap, conservait encore un récit du déluge babylonien écrit par son grand-père.

À partir du milieu du XIIIe s. certains scribes d’Ougarit mirent au point un alphabet cunéiforme capable de rendre toutes les nuances de leur propre langue. Nous avons pu identifier un scribe qui a probablement été lié à ce mouvement : Ṯabʾilu. Son rôle est difficile à déterminer mais il semble qu’il était actif au début de la mise par écrit de documents en cunéiforme alphabétique. Après une période de tests (tels que la mise par écrit de textes en langue babylonienne en écriture locale alphabétique), une nouvelle culture scribale s’est définie sans doute influencée par la culture scribale babylonienne locale et c’est dans cette seconde phase de la vie de l’écriture ougaritique que se situe l’activité de ʾIli-milku et sa mise par écrit (peut-être parfois composition) de grands mythes ougaritiques.

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