Jusqu’à présent, plus de 150 scarabées et scaraboïdes, en pierre ou pâte vitreuse, issus de Ras Shamra-Ougarit  ont été repérés. Ils proviennent en majorité des fouilles anciennes, mais beaucoup sont inédits. ; ceux qui ont été publiés le sont souvent sous forme d’une brève présentation dans le rapport de fouilles.

Des objets rares et peu documentés

Ras Shamra est un terrain exceptionnel pour l’étude des scarabées et scaraboïdes, car c’est un des rares sites du Proche-Orient ancien, hors Palestine, où de tels objets aient été trouvés en si grande quantité lors de fouilles régulières. La plupart des sceaux ou amulettes de cette catégorie, conservés dans des musées et des collections publiques ou particulières à travers le monde, ont été acquis sur le marché des antiquités et leur contexte de découverte est le plus souvent peu documenté. De nombreux scarabées et scaraboïdes, fabriqués localement ou importés d’Égypte dans l’Antiquité, ont néanmoins été trouvés en contexte sur des sites du Levant nord (Syrie et Liban), mais peu ont fait l’objet d’une publication complète.

Les trouvailles issues de fouilles anciennes présentent toutefois l’inconvénient d’être parfois documentées de façon imparfaite. Le recours aux archives est alors indispensable pour tenter d’en savoir plus sur le contexte archéologique ou sur un objet dont l’identification n’est pas certaine.

Les moulages du fonds Schaeffer

La collection de moulages conservée dans les archives de Claude Schaeffer comprend, entre autres, les copies d’environ 80 scarabées et scaraboïdes. Il s’agit parfois d’une seule, parfois de plusieurs copies d’un même document, en « positif » – moulage, ou moulage de l’empreinte – ou en « négatif » – empreinte. Outre qu’un tel fonds est rare parmi les archives de missions archéologiques, il supplée en partie aux lacunes de la documentation. En effet, certains documents sont les seuls témoignages matériels qui nous restent d’objets dont la trace a été perdue (par exemple : RS 29.107 et RS 26.[500]?). Bien évidemment, le moulage ne remplace pas l’objet authentique : le matériau de fabrication, pas plus que les couleurs originelles, ne peuvent être restitués par la copie.

Une source précieuse

Dans le contexte actuel, où l’accès aux collections nationales est rendu impossible par la situation dramatique du pays, posséder un pareil fonds est évidemment précieux.

Les archives Schaeffer présentent un autre intérêt, qui touche l’histoire de la recherche : des notes manuscrites additionnelles (sur les carnets ou sur les moulages), de la main des fouilleurs et des divers spécialistes à qui ils ont fait appel, permettent de reconstituer les processus de réflexion et d’identification.

L’étude des scarabées d’Ougarit, en cours, doit contribuer à approfondir notre connaissance des relations entre ce royaume et l’Égypte, des influences dans le domaine des techniques et des pratiques religieuses et sociales, nous permettre de former des hypothèses sur les lieux de production. Elle doit aussi, en dernier ressort, aider à la réflexion sur la chronologie du site.

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