Ougarit et l’Égypte

Ougarit entretenait des relations avec l’Égypte et sa culture matérielle se caractérise, entre autres, par la présence de nombreux artéfacts qui témoignent d’un lien avec l’artisanat égyptien. Différencier les productions égyptiennes des productions « égyptisantes » constitue l’un des enjeux de la recherche. L’approche pluridisciplinaire, associant aux études typologique, stylistique et iconographique, les analyses en laboratoire, représente l’une des meilleures voies d’accès à la connaissance dans ce domaine.

Un programme a porté sur les objets en faïence monochrome bleu-gris. Ces objets présentent tous la particularité d’être recouverts d’une glaçure monochrome bleu-gris et la plupart possèdent un corps de même couleur. Le corpus d’Ougarit, qui comprend plus de deux mille pièces, est unique au Levant.

Près d’une trentaine de pièces, toutes conservées dans les collections du Louvre, ont été analysées au Centre de Recherche et des Restauration des Musées de France, par PIXE (Particle Induced X-Ray Emission) avec l’accélérateur de particules AGLAE et sous microscope électronique à balayage.

Comment reconnaître des importations

Le cobalt est présent, comme élément chromophore, dans tous les spécimens. Il est associé à du nickel, du fer, du zinc, du manganèse et de l’aluminium, c’est-à-dire aux mêmes éléments que ceux observés avec le cobalt employé dans l’Égypte du Nouvel Empire, dont l’origine est probablement l’oasis de Kharga.

L’étude archéologique et archéométrique permet de proposer une origine égyptienne pour la plupart des objets. Elle n’est pas forcément unique. Si l’origine égyptienne du cobalt semble évidente, on ne peut pas exclure le recours à plusieurs mines différentes, plus ou moins riches en manganèse et en zinc.

Il faut cependant souligner la présence d’un groupe comprenant des perles-boutons en forme de dôme et à décor de rosace, parmi lesquelles des pièces caractérisées par un corps blanc ou blanc grisâtre (et non bleu-gris comme la glaçure). Pour ce groupe, on peut envisager l’hypothèse d’une production égyptienne avec une recette différente (avec peut-être l’emploi de fondants différents, suggéré par des teneurs différentes en aluminium, sodium et potassium) ou celle d’une production locale « égyptisante », utilisant néanmoins des matières premières (cobalt) égyptiennes.