La découverte à Ougarit d’un système graphique inconnu jusqu’alors dès la première campagne de fouille en 1929 a largement contribué à la renommée du site. Très vite identifié comme étant un alphabet, son déchiffrement rapidement effectué par Ch. Virolleaud, H. Bauer, É. Dhorme et D. Cohen a permis l’accès à tout un pan particulièrement important de la documentation épigraphique ougaritaine.

Une langue, divers emplois

Destiné prioritairement à transcrire la langue locale, l’ougaritique, il est utilisé pour rédiger la plupart des genres littéraires attestés à Ougarit, notamment les abécédaires, les mythes et les légendes qui sont les seuls témoins préservés de la littérature levantine avant l’Ancien Testament. Néanmoins, des corpus plus ou moins restreints de tablettes d’Ougarit montrent que son emploi peut s’étendre aux transcriptions des langues akkadienne et hourrite. De même, les documents révèlent une grande variété de supports réalisés dans des matériaux plus ou moins nobles. Les exemples les plus remarquables sont les foies en ivoire* et la bague-cachet du roi Ammishtamrou dont seules des empreintes nous sont parvenues.

Une simplicité diffusée en Méditerranée

En dépit d’une influence akkadienne dans sa technique de réalisation, l’alphabet cunéiforme d’Ougarit se caractérise par sa simplicité tant dans l’exécution des signes/lettres le composant que pour la mémorisation de leur nombre limité (30). Cet aspect éminemment pratique explique en partie que sa diffusion ait dépassé les frontières du royaume d’Ougarit. Quelques documents épars inscrits ont été mis au jour en différentes aires géographiques méditerranéennes, notamment au Liban (Sarepta et Kamid el-Loz), à Chypre (Hala Sultan Tekké) et en Israël (Beth Shemesh, Mont Thabor et Tell Ta‘anak).

Un alphabet lié à sa civilisation

S’il constitue un maillon incontournable dans l’histoire des écritures alphabétiques, il ne semble pas avoir eu d’héritier direct, contrairement à l’alphabet linéaire (« phénicien »). Sa naissance et son évolution sont intimement liées à l’histoire du royaume dont il est une marque identitaire. Ne remontant probablement pas au-delà du XIIIe siècle av. J.-C., il disparaît avec la civilisation palatiale d’Ougarit à la fin du XIIe siècle av. J.-C.

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