Lors d’une fouille préventive menée par l’Inrap en 2018, les vestiges d’une installation agricole du XVIIIe siècle ont été mis au jour à Saint-Paul. C’est la première fois que ce type d’installation a pu être documenté par l’archéologie à La Réunion.

Localisé dans la baie de Saint-Paul, le site se trouve le long de la Route des premiers Français, en pied de falaise à proximité de la Grotte du Peuplement. Comme l’évoque le toponyme, ce secteur est proche du lieu d’installation supposé des premiers colons sur l’île au XVIIe siècle. 

Une installation agricole organisée

Plusieurs bâtiments, sur solin maçonné et sur poteaux, ont été identifiés et ont livré de la céramique, dont de la porcelaine importée de Chine, du grès venant de métropole, des objets métalliques, des récipients en verre et des pipes en kaolin. Cet ensemble mobilier a permis d’attribuer l’occupation à la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

À proximité de ces bâtiments ont été retrouvés les vestiges de l’activité agricole. Les premiers résultats d’analyse de prélèvements ont permis d’identifier du poivrier. Plusieurs espèces ont été cultivées tout au long des XVIIIe et XIXe siècles (Piper borbonense, Piper nigrum).

Des structures inattendues

En lien avec l’exploitation, trois alignements de cuves maçonnées ont été découverts, sans doute en lien avec la transformation de matière première agricole, canne à sucre et/ou poivre.

Par ailleurs, de nombreux dépôts d’animaux en connexion ont été mis au jour : porc, cabri, volatile et chien. Dispersés au sein de l’exploitation, ils ont très probablement eu une fonction sanitaire. Cette pratique a en tout cas permis de restituer une partie de la basse-cour de cette ferme du XVIIIe siècle, et donc, certainement, une part de l’alimentation des habitants.