La gestion des morts et des espaces funéraires intègre des problématiques religieuses, socio-politiques, urbanistiques et sanitaires ; la société coloniale qui se développe sur l’île Bourbon a dû s’organiser pour faire face à sa population en constante croissance.

Petit historique des cimetières

Les premiers cimetières sont établis autour des églises, suivant les pratiques chrétiennes, ou bien à l’écart des habitations, suivant des normes hygiénistes. Le manque de place entraîne, dans de nombreuses villes, la création de nouveaux espaces funéraires caractérisés par leur isolement et une stricte séparation des Blancs et des Noirs baptisés ; séparation matérialisée par des murets. Cette règle du cimetière unique partagé connaît deux exceptions, à Saint-Paul et Saint-Leu, où aucun esclave n’est inhumé dans l’enclos.

Avant l’ordonnance de 1820 inventoriant 12 cimetières officiels cloisonnés, aucun contrôle des implantations d’espaces funéraires n’était fait. Ainsi, les cimetières d’habitation sur les terrains privés se sont multipliés afin de mettre en terre les esclaves.

1848 voit l’abolition de l’esclavage et la naissance du cimetière républicain, qui fait tomber les murets de séparation. Malgré cela, les engagés seront enterrés dans des zones distinctes.

Des squelettes sous les sables

Le cyclone Gamède ayant frappé La Réunion en 2007 a mis au jour de nombreux squelettes sur les littoraux. Deux ont été découverts à Saint-André et inhumés hors d’un cimetière officiel, selon des pratiques jugées non chrétiennes. D’autres ont été retrouvés à proximité immédiate du Cimetière Marin de Saint-Paul, enterrés hors-les-murs sur un emplacement signalé par aucun plan ancien et oublié depuis, faute de signalisation des tombes.